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ABA

Abattis, se dit aussi d’une grande tuerie de bêtes. Cædes pecorum. Ce Chasseur a fait un grand abattis de gibier. Ce Boucher fait un grand abattis de bestiaux tous les ans. Les Bouchers appellent abattis, les cuirs, graisses, tripes, & autres menues parties des bêtes qu’ils ont tuées.

Les Réglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers seront hors les villes. De la Marre. En cet endroit, il semble signifier le lieu où un Boucher tue ses bestiaux.

Abattis, en termes de guerre, est une quantité de grands arbres que l’on abat, & que l’on entasse les uns sur les autres, pour empêcher l’ennemi de pénétrer dans les retranchemens, ou dans quelqu’autre lieu. Les ennemis embarrassent les chemins par de grands abattis d’arbres.

Abattis, se dit encore de la coupe d’un bois ou d’une forêt qui se doit faire suivant les Ordonnances.

Abattis, cuirs d’abattis, sont ceux qui sont encore en poil, & tels qu’ils viennent de la boucherie.

On appelle abattis, dans les cuisines, les menues parties, la tête, les pattes, le cou, le foie, les aîlerons de volailles.

ABATTRE. v. a. Renverser, démolir, faire tomber. Diruere, evertere. J’abats, tu abats, il abat, &c. Abattre une maison pour la rebâtir. Ce Lutteur a abattu son homme sous lui. Les ennemis en se retirant ont abattu le château & les fortifications de la place. Un vent violent abat quelquefois de grands arbres. On abat des noix avec une gaule. Un bon Chasseur abat bien du gibier. Abattre des quilles. Nicod dérive ce mot de à bas, adverbe local, composé de à & de bas. Il pourroit paroître plus ancien. On lit dans la Loi Salique, tit. 45. Si quis hominem de barco abattiderit ; c’est-à-dire, Si quelqu’un abat ou fait tomber un homme de dessus un arbre. On lit aussi dans les mêmes Loix, tit. 38. battiderit. Ainsi les François avoient déjà fait battere, ou battidere, & abbatere, du latin batuere, dans le même sens que nous disons, battre, & abattre ; & c’est de-là que ces deux noms nous sont venus, selon Chifflet, dans son Glossarium Salicum, pag. 125. & 135.

Abattre du bois, en termes de trictrac, c’est jouer les dames du talon, prendre des dames au talon pour en faire des cases. On le dit de même au jeu de quilles, pour abattre beaucoup de quilles.

Abattre les cuirs. Terme de Corroyeur. C’est les lever de dessus le corps des animaux, après qu’ils ont été tués.

Abattre un chapeau. Terme de Chapelier. C’est après qu’on a donné au chapeau l’apprêt, & qu’il est bien sec, en aplatir les bords & le dessus de la forme sur un bassin chaud, mais couvert de papier & de toile qu’on arrose avec un goupillon.

Abattre, en termes de Marine, signifie Dériver, s’écarter de la vraie route. Declinare, deerrare. Ce qui se fait par la force des courans ou des marées, ou par les erreurs du pointage, ou par le mauvais gouvernement du timonier. On dit aussi qu’un Pilote abat son vaisseau d’un quart de rumb, & d’une autre aire de vent, quand il vire ou change sa course, & gouverne sur un autre rumb que celui de sa route. On dit, abattre un navire ; pour dire, le faire obéir au vent, lorsqu’il est sur les voiles, ou qu’il présente trop l’avant au lieu d’où vient le vent. On dit, le navire abat, lorsque l’ancre a quitté le fond, & que le vaisseau obéit au vent pour arriver. Aller à la dérive, s’appelle aussi abattre : c’est quand on va de côté au gré du vent & de la marée, au lieu d’aller en droiture. On dit aussi, Abattre un vaisseau sur le côté, lorsqu’on veut travailler à la carène, ou en quelqu’endroit des œuvres vives.

En termes de Fauconnerie on dit, Abattre l’oiseau ; pour dire, le tenir serré entre les mains, s’en rendre le maître pour le poivrer, ou lui donner quelque médicament. On dit encore, que l’oiseau de proie s’abat, lorsqu’il s’abaisse vers la terre.

Abattre, se dit figurément pour affoiblir, diminuer les forces, le courage, renverser. Comprimere, reprimere, dejicere, sternere, prosternere. Abattre l’orgueil de quelqu’un. Quand la mort abat la plus florissante jeunesse, alors on reconnoît la vanité des attraits du monde. Il signifie aussi, Accabler, & se dit des troubles & des afflictions de l’ame & du corps. Debilitare, frangere. Ce changement de fortune lui a abattu l’esprit & le courage. Cette maladie a bien abattu ses forces. Un corps exténué, abattu par la vieillesse.

On le dit aussi avec le pronom réciproque. On dit qu’un cheval est sujet à s’abattre, à broncher & tomber tout d’un coup. Si vous poussez votre cheval sur un terrain glissant, les pieds lui manqueront, il s’abattra. On dit aussi que le vent s’abat, qu’il s’appaise, qu’il devient moins violent.

Employé avec le pronom personnel, au figuré, il signifie Perdre courage. Dimittere & contrahere animum. Contrahi ac dimitti animo. Il ne s’abat point dans l’adversité. Ablanc. Se laisser abattre dans la moindre affliction. Id.

On dit dans la conversation, Abattre le caquet, pour dire, réprimer la fierté & la présomption de quelqu’un, le faire taire, l’obliger à baisser le ton. Loquacitatem, linguam comprimere, coërcere.

On dit proverbialement que petite pluie abat grand vent, ce qui signifie au propre, qu’une petite pluie fait cesser un grand vent ; & au figuré, que peu de chose calme une grande colère, fait cesser un grand emportement. On dit aussi figurément & familièrement d’un homme qui expédie beaucoup d’affaires, qu’il abat bien du bois.

Abattu, ue. part. pass. & adj. Dirutus, eversus. Maison abattue. Bois abattus.

Abattu, dans les ouvrages des anciens Praticiens, veut dire, rabattu, déduit. Remissus, deductus, detractus. En toutes choses qui sont comptées pour héritages, li coûts devoient être abattus. Baumanoir.

Figurément il signifie, Accablé, vaincu, terrassé. Debilitatus, fractus, victus. Jupiter ne pouvoit rien voir de plus beau que Caton, se soutenant dans un parti abattu, & demeurant ferme parmi les ruines de la République. Bouh. L’esprit abattu par les soins rongeurs de la pauvreté, n’est guère capable de mouvemens nobles & élevés. S. Evr. On voit l’orgueil à ses pieds abattu. Gomb. Il signifie encore, Être languissant & sans courage. Je me sens tout abattu. Languidus, debilis.

ABATTURE. s. f. Dejectio, dejectus, eversio. Vieux mot qui s’est dit pour Abattis, action d’abattre, & pour ce qui est abattu. Abatture de gland. Monet.

ABATTURES. s. f. plur. Terme de Vénerie. Foulures, menu bois, broussailles, fougère, que le cerf abat du bas de son ventre en passant. Depressio virgultorum. On connoît le cerf par ses abattures.

ABATUE. s. f. Terme d’Architecture. C’est la distance horizontale de la naissance d’un arc à la perpendiculaire, qui tombe d’une division de cet arc, ou de son extrémité supérieure sur son diamètre horizontal. Ce terme n’est plus guère en usage ; on se sert de celui de Retombée. Voyez ce mot.

Abatue. Terme de salines. Dans les salines de Franche-Comté on entend par abatue, le travail continu d’une poële, depuis le moment où on la met en feu, jusqu’à celui où on la laisse reposer.

ABAT-VENT. s. m. est la charpente qui se met dans les ouvertures des clochers, qui est ordinairement couverte d’ardoise, qui sert à abattre le vent, & qui n’empêche pas que le son de la cloche n’agite l’air de dehors, & ne se fasse entendre au loin : au contraire il envoie en bas le son des cloches, qui autrement se dissiperoit en l’air. Ce mot est composé du verbe abattre, & du mot vent. Pour le verbe abattre, il est formé de à bas, comme qui diroit à bas mettre. En bas vient du Grec βαθὐς qui signifie profond, bas.

Abat-vent. s. m. On appelle ainsi dans les Sucreries, une espèce d’appentis qui couvre chaque fourneau des Ateliers. Quidquid arcendi venti causâ consiruitur.

ABAVI, ABAVO ou ABAVUM. s. m. Grand arbre qui croît en Éthiopie, & qui porte un fruit semblable à la citrouille.