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ALI

sieurs cérémonies, & qui ne se pouvoit faire qu’en faveur des seuls citoyens Romains.

On dit au figuré, l’aliénation des volontés ; pour dire, aversion, éloignement que des personnes ont les unes pour les autres. Alienatio, Disjunctio. Leur aliénation avoit pris son origine de l’étroite communication qu’ils avoient eue ensemble. Rochef. On dit aussi, aliénation d’esprit ; pour dire, folie. Insania. La fureur est une violente aliénation d’esprit sans fièvre. J’ai vû en elle de l’aliénation d’esprit. Mol.

ALIÉNER. v. a. Vendre ou transférer la propriété d’un fonds, ou de ce qui en tient lieu de quelque manière que ce soit. Abalienare, Alienare. Aliéner une terre, une rente, un droit, une succession, une universalité de meubles. Les défenses d’aliéner sont odieuses, & contre le droit commun. Le Mait. On ne peut retirer des intérêts de son argent, qu’on n’aliéne le fonds en constituant une rente ; on ne l’aliéne qu’avec la faculté de rachat perpétuel. Le Concile général de Latran en 1123, défend à aucun Clerc d’aliéner sa Prébende ou autre Bénéfice ecclésiastique.

On dit figurément aliéner les affections, les cœurs, les esprits ; pour dire, les détourner, faire perdre l’estime & l’affection. La cruauté de Néron lui aliéna l’affection de tous ses sujets. Cela lui aliéna les esprits de la province. Ablanc. On dit aussi, aliéner l’esprit à quelqu’un ; pour dire, lui faire perdre l’esprit, le faire devenir fou. Ad insaniam adigere.

ALIÉNÉ, ÉE. part. Abalienatus, alienatus. ☞ Il a les significations du verbe au propre & au figuré. Fonds aliéné. Terre aliénée. Esprits, cœurs aliénés. Avoir l’esprit aliéné : & adjectivement, être aliéné d’esprit. Il y a chez nous un sens qu’il est de la dernière importance de ménager, c’est le sens de la vûe : celui-là une fois aliéné, il n’y a plus de grâce à attendre des autres. Obs. sur les Ecr. mod. t. 25. p. 18.

ALIES. s. f. pl. Alia. Terme de Mythologie. Jeux solennels célébrés à Rhodes le 24e jour du mois Gorpiée, (qui revient à celui que les Athéniens appeloient Boédromion) en l’honneur du soleil, nommé en grec ἥλιος, ou ἅλιος,

ALIFI. Ville épiscopale & ancienne du royaume de Naples. Alipha, Allipha. Elle est dans la Terre de Labour, sur le Vulturne, aux pieds de l’Apennin. Alifi est presque tout ruiné, & son Evêque suffragant de Bénévent réside à Bie di monti, bourg à une lieue à d’Alifi.

ALIGNEMENT. s. m. Terme d’Architecture & de Jardinage. Directura, directio. Action par laquelle on met les choses en ligne droite, soit avec la règle, ou le cordeau, soit en se servant de points marqués par des rayons visuels. Ce Jardinier a mal pris ces alignemens. On dit aussi, tirer des alignemens. Il faut que les herbages, pour être proprement plantés sur des planches, soient mis sur des alignemens tirés au cordeau. Liger.

Alignement, se dit aussi du plan que donnent les Voyers & les Architectes pour construire la face des maisons qui sont sur la rue, pour en marquer les longueurs, les angles, & autres dispositions suivant lesquelles on est obligé de bâtir, à peine de démolition. Ligne tirée, donnée, afin qu’une maison, une rue aille en ligne droite. Frontis ædium descriptio. Les Officiers de Justice assistent les Voyers dans les alignemens qu’ils donnent pour les maisons des coins des rues.

ALIGNER. v. a. Tirer un bâtiment, une allée en ligne droite au cordeau, réduire plusieurs corps à une même saillie, les mettre sur une même ligne. Ad lineam dirigere. Cette muraille n’a pas été bien alignée ; elle fait un coude. Aligner des allées.

☞ Quelques-uns s’en sont servis au figuré pour polir, ajuster. Ranger des mots, aligner des phrases. Il ne paroît pas que ce mot ait fait fortune.

Aligner, en termes de Vénerie, signifie, couvrir une femelle. Inire fœminam. Le loup aligne la louve, c’est à-dire, rectà illam petit.

Ces mots viennent du latin linea.

ALIGNÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe. Ad lineam directus. Autrefois on appeloit femme alignée, une femme droite & bien mise.

☞ ALIGNOUET. s. m. Instrument de fer dont on se sert dans la préparation des ardoises, pour les diviser par leur épaisseur.

ALILAT. s. m. Nom sous lequel les Arabes adoroient la lune, ou la planète que nous nommons l’Etoile du soir, le Vesper, la belle Etoile.

ALIMA. Ville dont il est parlé au premier livre des Machabées, c. 5. v. 26. Alimæ, plur. Elle étoit dans la Galaaditide, dans la tribu de Gad, près de la forêt d’Ephraïm, au midi. Il ne faut pas l’appeler Alimis, comme ont fait quelques auteurs qui n’ont pas pris garde que Alimis est un cas oblique, comme il paroît manifestement par le grec ἐν ἁλίμοις.

ALIMENT. s. m. Nourriture nécessaire pour faire croître & subsister tout ce qui a vie, ou quelque chose d’analogue à la vie. Alimentum. Les Médecins appellent aliment, tout ce qui peut être dissous par le levain de l’estomac, ou par la chaleur naturelle, & changé en chyle, pour devenir sang, & réparer la dissipation continuelle des parties du corps. Le pain est le meilleur aliment de l’homme, l’avoine des chevaux. L’eau est le principal aliment des plantes. M. Bernier dit qu’on ne doute pas qu’au bout de sept ou huit ans toute la matière de notre corps ne fasse place à celle des alimens. Les paysans sont d’ordinaire allez stupides, parce qu’ils ne se nourrissent que d’alimens grossiers & terrestres, qui ne peuvent faire qu’un chyle & un sang fort grossier. Bayl. On ne connoît pas facilement le mystère de la digestion des alimens, & de leur transmutation en chyle, & en sang. Roh. Fottunius Licetus a fait un livre in folio de ceux qui ont vécu long-temps sans alimens. Cyriacus Lentulus, Sennert, Fabricius Hildanus, & Velochius, ont aussi écrit sur ces grands jeûneurs. On a vû un fou dans les Petites-Maisons de Harlem en l’année 1685, qui s’imaginoit être le Messie, & qui, pour l’imiter, fit un jeûne de 40 jours & 40 nuits sans prendre aucun aliment. Après quoi on lui donna à manger peu à peu. Il souffrit les premiers jours de grandes tranchées, ensuite il mangea comme à l’ordinaire, & ne sentit plus de douleur.

Aliment, se dit aussi de la séve des plantes.

De nouveaux rejetons, qui comme autant de bouches,
Attirent l’aliment, & forment la liqueur,
Qui de l’arbre au printemps fait toute la vigueur.

Perr.

Aliment, se dit figurément. L’étude, la contemplation, sont les alimens de l’esprit. Nutrimentum. Les sciences sont les alimens de l’esprit ; elles le nourrissent. La Bruy. Le bois est l’aliment du feu. Ignis alimentum.

Il se dit aussi de ce qui entretient une maladie.

De l’hydropique enflé la soif insatiable
Cherche en vain dans les eaux à se désaltérer :
Plus il boit, plus il enfle, & la soif qui l’accable
Ne se peut tempérer.

Il en porte la cause en ses brûlantes veines ;
C’est de-là que le mal tire son aliment ;
Qu’il éteigne ce feu, s’il veut calmer ses peines,
Et finir son tourment.

☞ C’est une foible traduction de ces beaux vers d’Horace.

Crescit indulgens : sibi dirus hydrops,
Nec sitim pellit, nisi causa morbi
Fugerit venis, & aquosus albo
Corpore langor.

Alimens au plur. se dit en Jurisprudence, non-seulement de la nourriture, mais encore de l’entretien, ou des habits, & du logement, comme étant des choses nécessaires à la vie. Les enfans naturels se font adjuger des alimens contre leurs peres. En matière d’excès & de blessures, on adjuge des provisions pour alimens & mé-