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nent jamais, & qui se laissent plutôt mourir de faim.

On dit aussi en Fauconnerie, Acharner le lièvre, mettre un morceau de chair dessus.

Acharner. Animer. Irritare. On les a acharnés les uns contre les autres.

Acharner. Avec le pronom personnel, s’attacher avec fureur. Le lion s’acharne sur sa proie.

Dans un sens figuré, il signifie s’attacher avec fureur, avec opiniâtreté à persécuter quelqu’un, à le blâmer. Acriter infectari. Ces deux plaideurs sont furieusement acharnés l’un contre l’autre.

Il déchire l’Eglise il s’acharne contre elle ;
Et voulant s’affranchir des droits qu’elle a sur nous.
Il se les attribue & les prodigue à tous.

La Bastide.

Il signifie quelquefois s’attacher avec excès. Ferri immoderatiùs. Il est dangereux de s’acharner au jeu. Ce Docteur est si fort acharné à l’étude, qu’il se desseche sur les Livres. S. Evr. Ce mot est composé, & dérive de chair.

ACHARNÉ, ÉE. part. & adj. Animal acharné sur sa proie. Combat acharné. Homme acharné au jeu.

ACHART. s. m. Nom propre d’homme. Aicadrus. Saint Aicadres, que nous appelons plus communément Saint Achart, & que d’autres nomment encore S. Acaire, étoit issu d’une des meilleures maisons de Poitou, & fut second Abbé de Jumièges.

ACHASSES. Rivière de Languedoc, en France, Achassia, Achassius. Elle a sa source dans les montagnes, près de Viviers. Elle arrose le Vivarais, & au-dessous de Teil elle se jette dans le Rhône.

ACHAT. s. m. Acquisition d’une chose moyennant le payement de sa valeur. Contrat par lequel le vendeur promet & s’oblige de livrer quelque chose à l’acheteur, pour un certain prix dont ils sont convenus. Trois choses font la substance d’un contrat, le consentement du vendeur & de l’acheteur, la chose vendue & le prix. Emptio. Il a fait aujourd’hui l’achat d’une terre à sa bienséance. Il a fait un mauvais achat. Il se prend aussi pour la chose achetée. Je veux vous montrer mon achat. Achat passe louage, est un proverbe tiré des Coutumes de Namur, c’est-à dire, que celui qui a acheté un héritage, peut jouir malgré le bail fait à un tiers, & déposséder le locataire, sauf à celui-ci à se pourvoir pour les dommages & intérêts. Ce mot vient du Latin adcaptare, ou adceptare. L’achat diffère de l’échange, en ce que dans l’achat on livre, ou l’on promet de livrer une chose pour un certain prix ; & dans l’échange on donne une chose pour une autre, qui n’est pas de l’argent ; par exemple, du blé pour du vin, du bois pour du fer. Vente est le contraire d’achat.

ACHATE. s. m. (prononcez Akate.) Achates. Nom d’un des compagnons d’Enée, son ami & son confident, qui, dans Virgile, ne le quitte presque jamais. C’est de-là que ce mot a passé dans notre Langue pour signifier un ami constant, un compagnon fidèle, un homme avec lequel on est toujours.

Sans ce fidèle Achate il n’eût su faire un pas ;
L’un étoit le David, l’autre le Jonathas.

ACHATES. s. m. Ancien nom de la rivière du Drillo en Sicile. Achates.

ACHATOU. Village de l’île de Chipre. Aphrodisium. Il est sur la côte septentrionale. C’étoit autrefois une ville célèbre consacrée à Venus, que les Grecs appellent Aphrodite. Elle étoit à neuf milles de Salamine, entre Carpasium & Ceraunia.

ACHAZIB, ACZIBA. Ancienne ville de la Terre-Sainte, dans la tribu d’Aser. S. Jérôme dit que dans la suite elle fut nommée Ecdippe, & il la place dans la Phénicie. Elle étoit près du lieu qui s’appelle aujourd’hui Sadderia, entre Ptolémaïde, & Tyr.

ACHBAATS. s. m. Terme de Relation. Officier dans les villes de Perse. C’est le Commandant du guet, qui a soin des prisons, & qui fait la ronde toutes les nuits. Dux Vigilum.

☞ ACHBALUC-MANGI. Ville située sur les confins de la Chine, ce qui est exprimé par son nom, qui veut dire la Ville Blanche des confins de Mangi, ou de la Chine.

ACHE. s. f. ou bien API. s. m. Plante ombellifére dont les racines sont chevelues, fibreuses & blanchâtres ; les feuilles approchent de celles du persil ordinaire, mais sont plus amples, plus épaisses, & d’un autre vert ; les tiges sont branchues, médiocrement hautes, & portent à leurs extrémités des bouquets de fleurs disposées en parasol. Ses semences sont menues, arrondies, & cannelées sur le dos. Cette plante croît dans les marais & le long des ruisseaux ; transportée dans les jardins, d’âcre & d’amère qu’elle étoit, elle devient douce, & d’un âcre aromatique fort agréable. Le port de toute la plante change aussi par la culture ; c’est ce qui a trompé ceux qui ont cru que l’ache de marais & l’ache cultivée, étoient deux plantes différentes. On nomme en Latin l’ache de marais, ou ache simplement, Apium palustre ; & l’ache cultivée, ou api, & plus ordinairement céleri, Apium dulce, Celeri Italorum. L’ache est apéritive, diurétique, & bonne pour le scorbut. Ses deux espèces, la blanche & la jaune, dans l’extrémité de leur tige, forment un grand panache rempli de fleurs semblables à celles du lilas. Elles fleurissent dans le printemps, & sentent fort bon. La jaune a les racines rougeâtres, & en forme de glands. La blanche les a toutes blanches. Elle se plante de la profondeur de trois doigts à un demi-pied de distance. On la lève tous les trois ans pour en ôter le peuple. L’ache demande médiocrement le soleil, avec une terre grasse & humide. Quelques-uns distinguent quatre sortes d’ache. D’autres en comptent six. 1o L’ache de Macédoine, Apium Macedonicum, 2o L’ache de jardin, Apium hortense, qui est le persil ordinaire. 3o L’ache de montagne, Apium montanum. 4o L’ache de marais, Apium palustre. D’autres ajoutent, 5o l’ache de Smyrne, Apium Smyrnicum, 6o celui qu’ils appellent Hipposclinum. Les Grecs en certains jeux donnoient une couronne d’ache au vainqueur. De-là vient que sur les médailles de Néron on trouve Isthmia dans une courone d’ache. Voyez Patin, Vaillant dans ses Colonies, & M. Spanheim, p. 314, de l’édit. de Londres.

Néanmoins cette plante étoit de celles que les Anciens regardoient comme funèbres ou fatales. Ils en répandoient dans les sépulcres. De-là est venu le proverbe:Il ne lui faut plus que de l’ache, Apio eget, lorsque l’on parloit d’un malade désespéré. Dans les Jeux Néméens institués en mémoire de la mort d’Achemorus, c’étoit l’ache qui couronnoit les vainqueurs, pour conserver l’origine de cette fête lugubre. Plin. Hist. Nat. l. 19. c. 8.

☞ ACHECAMBEY. île de l’Amérique, l’une des Lucayes, près de celle d’Abacoa.

ACHÉE. s. f. On donne ce nom & celui de Laiche à certains vers qui servent à nourrir des oiseaux, ou pour amorcer les hameçons des pêcheurs. Dict. Économique.

ACHÉENNE. s. f. Achæa. C’est-à-dire, la triste, la désolée. C’est un surnom qu’on a donné, 1o. à Cérès, à cause de la douleur que lui causa l’enlèvement de Proserpine sa fille. Plutarque, dans son Livre sur Isis & Osiris, dit que les Bœotiens avoient un Temple de Cérès Achéenne. 2o. Aristote, L. de mirabil. dit que les Dauniens, ancien peuple d’Italie, avoient un Temple dédié à Pallas Achéenne.

Ce mot a deux origines différentes. Quand il se donne à Cérès, il vient du mot Grec ἄχος, qui signifie douleur. Mais quand il a été donné à Pallas par les Dauniens, je crois qu’il signifie, qui est venu d’Achaïe, & que ce n’est que le féminin d’Achéen. En effet, ce Temple des Dauniens étoit vraisemblablement bâti par Dioméde & les Achéens; c’est-à-dire, les Grecs qui vinrent avec lui en Italie, puisqu’Aristote dit qu’on y conservoit les armes de ce Capitaine & de ses compagnons. Ils y déposerent apparemment une statue de Pallas qu’ils avoient apportée, & qui, ou parce qu’ils l’apportoient d’Achaïe, ou parce qu’elle fut mise là par des Achéens, fut surnommée Achéenne.