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BOT

Botte, se dit encore de la terre grasse qui s’attache aux souliers, quand on marche dans des terres marécageuses, ou en temps de pluie. On le dit aussi de la neige qui s’attache de la même sorte aux talons des souliers de ceux qui y marchent. En marchant sur un terrain gras ou sur la neige, on prend, on rapporte des bottes.

Bottes. On nomme ainsi dans les Manufactures de lainage de la province de Champagne, une sorte de forces qui servent à tondre les droguets en dernier.

On dit proverbialement, à propos de bottes, quand on prend occasion de parler en attendant quelque chose de semblable. On le dit aussi quelquefois de toute sorte d’interruption. On dit aussi, qu’un homme a laissé les bottes en quelque endroit ; pour dire, qu’il y est mort ; & aussi qu’il graisse ses bottes ; pour dire, qu’il se prépare à un long voyage, & même à la mort. On dit, graissez les bottes à un vilain, il dira qu’on les lui brûle, pour accuser un homme d’ingratitude. On dit aussi, accoler la botte de quelqu’un ; pour dire, lui faire des révérences, des soumissions. On dit aussi, je ne m’en soucie non plus que de mes vieilles bottes, pour témoigner un grand mépris de quelqu’un. On dit aussi, qu’un homme a bien mis du foin dans ses bottes, ou de la paille dans les souliers ; pour dire, qu’il a bien gagné du bien. On dit encore par une expression basse & triviale, où va la botte, ou, comment va la botte ? pour demander à quelqu’un où il va, ou comment il se porte. Aller à la botte, se dit d’un cheval vicieux qui tâche de mordre à la jambe celui qui le monte. La même chose se dit d’un homme accoutumé à faire des réponses piquantes aux railleries les plus innocentes. Il ne faut pas se jouer à cet homme, il va d’abord à la botte.

☞ BOTTE, le BOTTE, ou BRICHES, ou STILO. Petite ville de la Morée, sur la côte méridionale du golfe de Napoli de Romanie.

BOTTELAGE. s. m. L’action de celui qui fait des bottes de foin ou de paille, & la grosseur dont il les fait. Manipulorum coactio. Le bottelage d’un millier de foin coûte tant. Ce foin coûte moins, mais le bottelage en est plus petit. ☞ On dit que le bottelage est bon, quand la botte de foin ou de paille est du poids requis par les règlemens de police.

BOTTELER. v. a. Mettre en bottes. In manipulos colligare. Botteler du foin, de la paille.

BOTTELÉ,ÉE. part.

BOTTELEUR. s. m. Homme de journée employé à mettre en bottes du foin, &c. Coactor. Défenses sont faites aux Botteleurs, de faire aucun marché en bloc pour le bottelage de la marchandise, ains seulement au cent. La Mare.

☞ BOTTER. v. a. Qui se dit du Cordonnier qui fait des bottes pour quelqu’un. Ocreas compingere ; & de celui qui met les bottes à quelqu’un. Ocreas alicui induere. Ce Cordonnier nouveau m’a mieux botté que celui que j’avois auparavant. Ce Valet m’a botté de travers.

Se botter, prendre ses bottes. Ocreas induere. Cet homme s’est botté à la hâte pour partir.

☞ On dit qu’un homme se botte bien, se botte mal ; pour dire, qu’il porte ordinairement des bottes bien faites, mal faites. Ocreatus.

On dit aussi, qu’on se botte dans les terres grasses ; pour dire, qu’on emporte à ses pieds beaucoup de terre qui s’attache aux souliers. On le dit tout de même de la neige. Dans ce sens on dit aussi d’un cheval qu’il se botte.

BOTTÉ, ÉE. part. & adj. Ocreatus. Les Chinois sont toujours bottés, & lorsqu’on leur rend visite, si par quelque accident ils se trouvoient sans bottes, ils font attendre les gens pour les aller prendre. C’est pour eux une assez grande bizarrerie de n’oser aller en ville sans bottes, puisqu’ils se font toujours porter en chaise. P. Le Comte.

On appelle un vilain botté, un homme de ville qui a des bottes, à cause que cela n’appartenoit autrefois qu’aux Nobles qui alloient à la guerre.

BOTTINE, s. f. Petite botte de cuir mince qui s’attache avec des quartiers. Leviores ocreæ. Presque toutes les bottines ont aujourd’hui des éperons : quelquefois elles ont des souliers, & souvent aussi elles n’en ont point, & ce ne sont que des espèces de guêtres de cuir. On en fait aussi un très-grand nombre du cuir rude & fort, qu’on appelle bottines fortes. M. Rem. Mss. Les Dragons n’ont que des bottines. Philippe II envoya à Dom Juan des bottines parfumées qui lui coûtèrent la vie. On portoit autrefois une espèce de bottines qu’on appeloit Æstivalia, Henses, ou Estivaux. Selon Du Cange elles étoient fort en usage parmi les Nobles & les gens de guerre, qui affectoient d’en porter par ornement & par distinction. Ces bottines étoient faites de cuir fort mince & fort uni, teint en pourpre, ou en quelque autre couleur. Valbonnet, p. 218. Nos pères ont encore vû porter de semblables bottines.

Ce mot vient, selon Guichard, de βίτιννα, nom d’une espèce de chaussure des Grecs.

Bottine, se dit aussi des chaussures de linge ou de peau de chien faites pour couvrir la jambe de ceux qui ont des varices, pour soutenir une jambe qui est trop foible, pour contenir celle qui prend un pli contre nature, &c. Ces bottines se lacent en dehors de la jambe avec un petit cordon qu’on passe dans des œillets. Sous ces bottines il y a une grande compresse trempée dans une eau stiptique, que ces bottines tiennent toujours appliquée sur les varices.

BOTUA. Plante médicinale, plus connue sous le nom de Pareira brava. Voyez ce mot.

☞ BOTZAWOU. Voyez Orangebourg.

☞ BOTZEN. Ville d’Allemagne, dans le Tirol.

☞ BOTZENBOURG. Petite ville d’Allemagne, dans le duché de Meckelbourg, sur l’Elbe, avec un château.

BOU.

☞ BOVA. Ville d’Italie, dans le royaume de Naples avec un Évêché suffragant de Rhegio, dans la Calabre ultérieure.

BOUAR, ou BOUARD. s. m. Terme de Monnoyeur, est un gros marteau qu’on tient à deux mains, du poids de seize livres, qui est fait à la façon du flattoir, sinon qu’il est plus gros & plus raccourci, qui servoit à bouer les monnoies, quand on les travailloit au marteau. Tudes.

BOUBAK. s. m. Sorte d’animal quadrupède. Il y a sur les confins de Pologne, vers la Moscovie, un petit espace de terre d’environ sept lieues, où il y a des animaux appelés Boubaks, qui, quoique d’un même genre, sont de deux espèces, les uns de la couleur & de la grandeur des Bléraux, & les autres de celle des renards. Ils ont une antipathie invincible les uns pour les autres, de sorte qu’ils se font une guerre continuelle, & à la manière même des hommes. Ils ont des sentinelles avancés, ils donnent des combats, & ils font des prisonniers, qu’ils traitent en véritables captifs : ils les font coucher sur le dos, les pattes en haut, & en cette situation, qui ressemble à une espèce de traîneau, ils les chargent de paille, & d’autres provisions dont ils ont besoin. Furetieriana. Contes de Voyageurs qui aiment le merveilleux.

BOUBIE. s. f ou BOOBY. s. m. Oiseau aquatique qu’on trouve en plusieurs lieux de l’Amérique. Il est d’un gris clair, & un peu moins gros qu’une poule. Il a le bec fort, plus long & plus gros que les corneilles, & plus large par le bout. Ses pieds sont plats comme ceux des canards : sa chair est noire, & a le goût de poisson. Les Aventuriers en mangent souvent.

BOUC. s. m. Bête à corne, qui est le mâle de la chèvre. Hircus.

Ce mot vient de l’Allemant bock, d’où l’Italien a fait becco. Ménage le dérive de buccus, qui se trouve dans la Loi Salique, ou plutôt du celtique bouc. Id. Icquez de buk, mot de la langue des Francs, qui veut dire la même chose, comme bocken chez les Allemands, & chez les Allobroges de qui il nous vient, si l’on en croit Chorier, ou chez les Celtes, comme pense le P. Pezron.

Les boucs desséchent & font mourir toutes les plantes où ils portent la dent. C’est pour cela que les