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Cette opinion très-ingénieuse est motivée sur les considérations les plus imposantes.

On suppose qu’un pays ne jouit d’une véritable indépendance que lorsque son agriculture suffit aux besoins de sa population ;

Et l’on ajoute que, dès qu’elle ne peut plus augmenter ses subsistances, l’accroissement de ses richesses n’est que nominale. Quelle est donc la raison sur laquelle on fonde cette étrange doctrine ? C’est que la population devient stationnaire et même est menacée d’une décadence rapide quand la culture nationale est arrivée à son but.

Cette doctrine est également erronée dans ses deux parties.

1o. Elle fait dépendre la richesse d’un pays de l’état de la population et des subsistances nationales ; mais il y a là une méprise évidente.

Quelle que soit la nature de la richesse, il est évident qu’elle peut augmenter indéfiniment avec la même population et même avec mie population décroissante. N’est-ce pas là en effet le résultat nécessaire des progrès des sciences, des arts, de l’industrie et de la civilisation ? Plus d’habileté dans le travail et l’emploi des machines dans le perfectionnement des routes et des canaux pour le transport des produits du travail et dans la facilité et l’économie de la circulation des valeurs destinées à leur paiement ne tendent-ils pas à réduire la masse du travail brut, et, par conséquent, à diminuer la masse de la population que cette