Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les places du monde commerçant l’effectuent avec la même facilité et le même succès. Toutes se libèrent par la circulation des lettres de change, et en définitive, chacune n’a à payer en monnaie que ce qu’elle reste devoir après la compensation de ce qui lui est dû.

Deux établissemens ont régularisé et perfectionné ce mode de libération des dettes du commerce, ce sont les Bourses de commerce et les Banques. (Voyez ces deux mots.)

Avec ces deux auxiliaires les lettres de change dispensent le commerce de l’emploi de la monnaie, où du moins le réduisent à très-peu de chose. On ne peut donner une idée de l’étendue de cette économie qu’en faisant remarquer que la somme des dettes de commerce éteintes par les lettres de change dans la seule ville de Londres est évaluée chaque année à environ 56 milliards.

En supposant que le commerce de l’Angleterre, qui se solde à Londres, soit le tiers de celui du monde commerçant, ce serait plus de 100 milliards dont les lettres de change libéreraient le commerce.

Si cette liquidation devait s’effectuer en monnaie il en faudrait au moins 20 milliards, dont l’intérêt à 6 pour cent s’élèverait à 1,200,000,000fr., somme énorme que le commerce ne pourrait pas payer sans élever le prix de ses marchandises, sans diminuer leur consommation, et par conséquent sans consommer sa ruine.