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Lors même que la prohibition n’aurait d autre effet que de forcer l’économe à faire lui-même l’emploi de ses économies, s’il n’a pas toute l’habileté qu’exige cet emploi, il n’en tirera pas les mêmes profits que si cet emploi était abandonné à de meilleures mains ; et, dans cette hypothèse la plus favorable, il y a encore une perte de partie des profits des capitaux, perte qui est nécessairement ressentie par la richesse particulière et générale.

Aussi quel a été le résultat de cette prohibition ? On ne peut pas s’abuser à cet égard ; a-t-elle empêché le prêt à intérêt ? Non, elle n’a fait que le rendre plus onéreux pour l’emprunteur et plus fâcheux pour le prêteur. L’intérêt n’est plus fixé par les profits du capital et par les autres causes qui le modifient ; il faut y ajouter un surplus pour la compensation du risque « que court le prêteur en bravant la prohibition de la loi ; assurance qui pervertit le contrat de prêt à intérêt et compromet tous ses avantages.

Si telle est la condition du prêt à intérêt dans les pays où il est prohibé, elle n’est pas meilleure dans ceux où il est autorisé, et il est rigoureusement vrai de dire que la loi qui autorise n’est pas plus sage que celle qui prohibe.

Dans les pays où le prêt à intérêt est licite la loi fixe le taux de l’intérêt, flétrit de l’imputation d’usure ceux qui le dépassent, et lui impose des peines plus ou moins graves.

Mais qui ne voit que cette loi usurpe le domaine