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à la conservation de leurs intérêts communs.

Dans tous les temps, dans tous les pays, sous tous les gouvernemens, on trouve des traces de l’incorporation des métiers, et l’on pourrait en conclure, avec quelque apparence de raison, qu’elles sont aussi anciennes que la société civile. Mais on s’est étrangement abusé lorsqu’on a cru pouvoir les faire envisager comme les élémens nécessaires de l’organisation sociale ; comment n’a-t-on pas fait attention que cette institution ne convient et ne s’applique qu’aux classes laborieuses et industrieuses des villes, qui, dans des pays même avancés en civilisation, ne forment pas le sixième de la population totale ?

Ce qu’il y a de certain, c’est que les corporations ont éprouvé toutes les vicissitudes des gouvernemens, et que tour à tour proscrites ou rétablies, leur nature fut toujours un grand problème politique. Aujourd’hui même, après les révolutions des siècles, des empires et des peuples, on n’est pas d’accord sur leurs avantages et leurs inconvéniens, et il ne faut pas s’en étonner. Envisagée d’une manière abstraite et absolue, la question peut être insoluble. Autant les corporations appropriés à l’époque qui leur convient sont utiles et salutaires, autant elles sont pernicieuses et funestes dans des circonstances pour lesquelles elles ne sont pas faites.

Ce fut sans contredit une puissante et efficace mesure que celle qui, dans le moyen âge, après