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ment préférable à la barbarie la moins intolérable ; dans ce mélange de la barbarie des aborigènes avec les vices de la civilisation des colons, les uns s’épurent par les autres ; l’esprit d’asservissement des colons s’affaiblit par l’esprit d’indépendance des barbares, et de l’alliance des deux peuples résulte un peuple nouveau, qui ne ressemble ni à l’un ni à l’autre.

Sans l’invasion de la Grèce et de Carthage par les Romains, l’ancien monde eût été civilisé par les colonies de ces deux peuples.

Sans l’invasion des Barbares du nord et de l’est de l’Europe, Rome eût, par la conquête, qui est aussi un mode de colonisation, civilisé l’ancien monde, et cette civilisation eût infailliblement suffi pour briser le joug politique qui la flétrissait autant qu’elle l’opprimait.

Qui arrêtera maintenant l’essor de la civilisation dans l’ancien et dans le nouveau monde ? La colonisation qui a civilisé les deux Amériques indique la route qu’il faut suivre désormais pour faire reculer la barbarie, et la bannir du monde entier. Les nécessités d’une population surabondante imposent cette entreprise à l’Angleterre, comme elles l’imposèrent autrefois à la Grèce. Les autres peuples de l’Europe n’ont pas les mêmes besoins de colonisation ; mais les avantages qu’elle leur promet suffisent pour les engager à la suivre de près dans la carrière qu’elle leur a ouverte ; tous y trouveront de riches placemens