Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
GRILLON DU FOYER.

homme poli, comme vous le savez bien. Je ne suis pas un jeune homme. J’aime ma petite Dot, parce que je l’ai vue grandir depuis son enfance dans la maison de son père ; parce que j’ai connu ses excellentes qualités ; parce qu’elle a été ma vie pendant des années et des années. Il y a bien des hommes, à qui je ne peux pas me comparer, qui n’auraient jamais aimé Dot comme moi, je pense.

Il s’arrêta et battit doucement le sol de son pied pendant quelques instants avant de reprendre.

— J’ai souvent pensé, que quoique je ne fusse pas assez digne d’elle, je serais pour elle un bon mari, et que je connaîtrais peut-être mieux qu’un autre ce qu’elle valait ; et c’est dans cette idée que je finis par croire que nous pourrions bien nous marier ensemble. Et à la fin ce mariage se fit.

— Hah ! fit Tackleton avec un hochement de tête significatif.

— Je m’étais étudié ; je m’étais éprouvé ; je savais combien je l’aimais, et combien elle serait heureuse, poursuivit le voiturier. Mais je n’avais pas, je le sens maintenant, je n’avais pas suffisamment réfléchi sur ses sentiments à elle.

— C’est sûr, dit Tackleton. Étourderie, frivolité, inconstance, amour d’être admirée ! Pas assez réfléchi ! tout cela perdu de vue ! Hah !

— Vous feriez mieux de ne pas m’interrompre, dit