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« Mme Clennam ; elle n’en fait qu’à sa tête. Je vais vous montrer le chemin. »

Il monta alors le sombre escalier, suivi de M. Dorrit, qui, en se retournant, aperçut derrière lui la vieille femme avec son tablier encore relevé par-dessus sa tête, comme un spectre.

Mme Clennam avait ses livres à côté d’elle sur sa petite table.

« Oh ! fit-elle brusquement, l’œil fixé sur le visiteur, vous arrivez d’Italie, monsieur ? Eh bien ? »

M. Dorrit ne sut pas trouver pour le moment une réponse plus claire que :

« Ha !… Eh bien ?

— Où est cet homme qui a disparu ? J’espère que vous nous apportez de ses nouvelles ?

— Au contraire, je… hem… viens vous demander des renseignements. »

— Malheureusement pour moi, je n’en ai pas à vous donner. Jérémie, montrez-lui l’avis imprimé. Donnez-lui en plusieurs qu’il pourra emporter. Éclairez-le pour qu’il le lise. »

M. Flintwinch obéit à ces ordres, et M. Dorrit lut l’avis d’un bout à l’autre, comme s’il ne le connaissait pas, pour se donner le temps de recouvrer son sang-froid, que l’aspect de la maison et de ceux qui s’y trouvaient avait un peu troublé. Tandis que ses yeux étaient fixés sur le papier, il sentit que les regards de M. Flintwinch et de Mme Clennam devaient être fixés sur lui, et lorsqu’il releva la tête, il reconnut que ce n’était pas une idée fantastique.

« Maintenant, monsieur, dit Mme Clennam, vous en savez autant que nous. M. Blandois est donc votre ami ?

— Non… hem !… une simple connaissance, répondit M. Dorrit.

— Il ne vous a pas chargé d’une commission, par hasard ?

— Moi ?… Ha… certes non. »

Le regard scrutateur de Mme Clennam s’abaissa peu à peu jusqu’au plancher, après avoir, en chemin, échangé un coup d’œil avec M. Flintwinch. M. Dorrit, tout décontenancé de voir les rôles renversés et d’être obligé de répondre à des questions quand il était venu pour en faire, voulut ramener les choses à leur état normal.

« Je suis… hem ! un homme du monde, habitant pour le moment l’Italie avec ma famille, mes gens, et… hem ! une suite assez nombreuse. Me trouvant par hasard à Londres pour des affaires qui concernent… ha ! hem !… mes propriétés, et ayant appris cette étrange disparition, j’ai éprouvé le désir bien naturel de prendre des informations à la source même, car j’ai rencontré en Italie… ha ! hem l… un gentleman que je compte y retrouver à mon retour, lequel a fréquenté assez intimement le sieur Blandois ; M. Henry Gowan. Ce nom ne vous est peut-être pas inconnu ? »

— C’est la première fois que je l’entends, dit Mme Clennam. Et Jérémie répéta comme un écho.

— Comme je désire… ha !… me trouver à même de lui faire