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Miss Julia Mills avec une ineffable douceur ; et j’y retournai. Dora se pencha hors de la voiture pour mieux m’écouter et nous causâmes pendant tout le reste de la route. Je tenais mon coursier gris si près de la roue, qu’il s’y accrocha une de ses jambes de devant, et le loueur prétendit qu’il s’était blessé pour la somme de trois livres sterling, que je payai, ne trouvant pas que ce fût trop cher pour tant de félicité. Pendant ce temps-là, Miss Julia Mills contemplait la lune, murmurant des vers et rêvant, je suppose, au temps où il y avait quelque chose de commun entre la terre et elle.

Norwood était à bien des milles trop près et nous y arrivâmes bien des heures trop tôt. Mais M. Spenlow s’était réveillé avant de descendre de voiture et m’avait dit : « Venez vous reposer, Copperfield ; » j’y consentis, et me rafraîchis avec des sandwiches arrosées d’un verre de vin et d’eau. Je ne pouvais m’arracher du salon où Dora rougissait d’une manière si charmante ; mais le ronflement de M. Spenlow réveilla ma conscience et je pris congé : je sentis jusqu’à Londres la douce étreinte de la main de Dora, je me rappelai mille fois les moindres incidents et les moin-