Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quoi ce mystère dans ses allées et venues ?

Ah ! dame ! c’est que le Fisc à l’œil aussi vigilant que le bras long, et que l’Espérance n’était pas tout à fait en règle avec cette belle institution. L’audacieuse petite goélette, tout en conservant des allures extrêmement débonnaires, n’était rien moins que la plus hardie contrebandière du Saint-Laurent et se moquait sous cape de tous les douaniers de Sa Majesté, au Canada. L’accise ne lui faisait pas peur, et elle se souciait comme de Colin-Tampon de ce monument de sagesse appelé par nos législateurs : tarif douanier.

Le gouvernement du Canada avait bien établi le long du fleuve, aux principaux endroits d’escale, des agents du fisc, chargés de visiter les vaisseaux suspects et de constater de visu s’ils ne portaient pas autre chose que ce qui était mentionné dans leur acte de connaissement ; mais la goélette endiablée leur glissait entre les doigts comme une anguille et semblait douée de quelque pouvoir magique, qui la rendait invisible aux moments voulus. Fine voilière et d’une solidité de charpente à tenir la mer en tout temps, l’Espérance pouvait