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Pendant plusieurs minutes, le noble étranger demeura ainsi comme foudroyé par le double sentiment qui l’étreignait : la douleur, une douleur rétrospective, à la pensée de ce qu’avait dû souffrir sa malheureuse femme pour avoir ainsi perdu la raison, et la joie de la retrouver, de la revoir, de pouvoir encore se consacrer à celle qui lui fut toujours si chère.

Enfin, il se ressaisit, dompta son émotion et se releva.

Mais ce mouvement fut si brusque, si nerveux, qu’il faillit heurter Anna, courbée à ses côtés sur le visage de la malade, qu’elle rafraîchissait au moyen d’une serviette humide.

Heureusement, cette espèce de collision n’eut d’autre résultat que de rompre le cordonnet du médaillon que la jeune fille portait au cou.

L’Anglais murmura une excuse, ramassa le médaillon et, comme il s’était ouvert en tombant, y jeta les yeux distraitement.

Aussitôt, il ne put retenir un cri : Ma femme ! ma femme, telle qu’elle était la dernière fois que je la vis !… Ô Dieu grand !

Et, saisissant le bras de l’orpheline, toujours penchée sur la pauvre folle :