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Aucun accident n’était donc à craindre, qui ne fût immédiatement signalé à la vigilante garde-malade, laquelle, du reste, ne dormait jamais que d’un œil, depuis la maladie de son père.

Et c’était prudent de la part d’Anna, car les engagés couchaient dans les mansardes, à l’autre extrémité de la maison, et d’ailleurs ils avaient le sommeil si dur, qu’un coup de canon, tiré à côté d’eux, ne les eût réveillés qu’à demi.

Quant à la servante, qui couchait, elle aussi, au grenier, Anna ne s’y fiait guère, sans trop savoir pourquoi. C’était une grande et forte brune, très capable pour les gros ouvrages, mais d’une gaucherie surprenante quand il s’agissait des soins destinés à un malade. Elle venait de remplacer Joséphine, qui avait décampé en voyant le malheur frapper tant de coups imprévus au sein d’une famille jusque là si heureuse.

La courageuse Anna était donc seule de fait à veiller la nuit sur le malade.

Cette circonstance, en favorisant les sinistres projets d’Antoine, devait précipiter le dénouement de la tragédie, qu’il ourdissait avec une persévérance de démon.