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L’Art de faire les Raports

tion poſſible ; parce qu’il ſurvient ſouvent, même après un long tems, & lorſqu’on y penſe le moins, de fâcheux accidens à ces ſortes de playes, qui paroiſſent d’abord n’être pas d’une grande conſéquence, comme Hippocrate nous en avertit au commencement de ſon Livre des Playes de Tête ; en ſorte que l’on ne doit pas croire qu’un bleſſé ſoit abſolument hors de danger qu’après cent jours.

Le danger eſt moins conſidérable quand la table externe du crâne eſt bleſſée, que quand l’interne l’eſt, l’externe reſtant en ſon entier ; & en général toutes les impreſſions faites au crâne par contuſion, ſont bien plus dangereuſes que les atteintes qu’il reçoit par des inſtrumens tranchans.

Quand les deux tables du crâne ſont fracturées, le péril eſt moindre lorſque la fracture eſt grande & fort apparente, que lorſqu’elle eſt petite, & tellement cachée que l’on n’en apperçoit aucun veſtige ; & cette eſpece de fiſſure a cauſé la mort à une infinité de bleſſés, non pas à cauſe de ſa petiteſſe, mais à cauſe de l’épanchement du ſang qui ſe fait ſous le crâne, auquel on ne remédie pas aſſez promptement.

Or le peril eſt d’autant plus grand dans ces ſortes de bleſſures, que l’on eſt moins ſûr de l’endroit où la fracture eſt cachée, & que la table extérieure de l’os étant ſaine, il y a cependant quelque fragment de la table interne