Page:Devaux - L'Art de faire les Raports en Chirurgie, 1743.pdf/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
L’Art de faire les Raports

C’eſt pour cela que Charles Musitan, fameux Médecin & Chirurgien de Naples, nous avertit judicieuſement, dans l’excellent Traité qu’il a fait de cette maladie, qu’il faut, pour la bien connoître, la conſidérer avec attention dans ſes différens états ; parce qu’elle eſt très-différente d’elle-même dans ſon commencement, dans ſon augmentation, & lorſqu’elle eſt confirmée ou invétérée : qu’il n’eſt pas mal-aiſé de la connoître dans ſon premier état ; mais qu’il eſt très-difficile d’en juger quand elle ne s’eſt pas tout-à-fait déclarée par ſes véritables ſignes ; & que tout de même que les plantes qui ont acquis toute leur perfection ſont connues des ignorans, mais qu’il n’y a que les plus habiles Botaniſtes qui peuvent les connoître quand elles commencent à ſe montrer, la Vérole auſſi, dans ſa naiſſance, n’eſt connue que des plus habiles Médecins : au lieu qu’elle ſaute aux yeux des plus ignorans, quand elle s’explique par tous ſes ſignes & par tous ſes accidens.

Or les ſignes de cette maladie ſe tirent ordinairement des actions bleſſées, & d’une infinité d’accidens de différentes eſpeces.

Le virus vérolique eſt quelquefois ſi ſubtil & ſi pénétrant, que ſans faire d’impreſſion ſur les organes qui lui donnent entrée dans le corps, il parcourt & infecte en peu de tems toute la maſſe des humeurs ; de maniere qu’après que les malades ont eu des laſſitudes