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L’Art de faire les Raports

légerement ſur la foi de ces ſubalternes, ſans voir les bleſſés ou les malades pour qui les Raports ſont faits.

3o Un Chirurgien judicieux eſt obligé à ne rien dire d’affirmatif dans ſon Raport ſur les cauſes abſentes, ſur les douleurs, & généralement ſur tout ce qui ne tombe pas ſous les ſens ; parce que le récit qui lui en eſt fait, ſoit par le malade même, ou par les aſſiſtans, lui doit toûjours être ſuſpect.

4o Il doit prendre toutes les précautions poſſibles pour s’empêcher d’être trompé par des maladies feintes, par des contorſions ou des convulſions ſimulées, du ſang ſeringué, des tumeurs apparentes, des contuſions en peinture, ou par de ſemblables artifices & fourberies.

5o Il doit faire ſes prognoſtics d’une maniere douteuſe ; parce que l’événement des maux & des bleſſures eſt toûjours incertain : & il vaut mieux, dans les faits de conſéquence, ſuſpendre ſon jugement, que d’être trop déciſif, particuliérement quand il s’agit de prédire la mort, ou d’aſſurer la guériſon des bleſſés.

6o Il eſt encore abſolument néceſſaire qu’il marque avec préciſion, dans les Raports, la longueur, la largeur, & la profondeur des playes, & qu’il déſigne bien les ſignes par leſquels on peut juger de la léſion des parties intérieures.