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en Chirurgie.

Il y a pourtant beaucoup à dire que ces fractures ne ſoient également dangereuſes, ſoit que les os ſoient en-dehors, ou qu’ils ſoient en-dedans ; parce qu’il y a de grandes veines qui ont leur progrès vers l’intérieur des membres bleſſés, dont l’ouverture peut faire périr le bleſſé à l’heure même ; au lieu qu’il n’y a que des vaiſſeaux peu conſidérables à l’extérieur. Il faut donc en ces occaſions enviſager dans toute ſa grandeur le péril où ſont les bleſſés, & en faire de bonne-heure un judicieux prognoſtic.

Mais pour ne rien obmettre concernant le jugement des fractures, il faut encore obſerver que le bon uſage des choſes non-naturelles, & de leurs dépendances, contribue beaucoup à la réunion des os ; que les différens os ſe réuniſſent plutôt ou plus tard ; & qu’il y a des ſignes par leſquels on connoît leur bonne ou leur mauvaiſe réduction.

Ainſi les jeunes gens qui ſont bien ſains, qui obſervent régulierement le régime qui leur eſt preſcrit, qui uſent de bons alimens, qui deumeurent dans un bon air, & qui ſont bleſſés dans une ſaiſon tempérée, guériſſent plutôt & plus heureuſement, étant panſés avec ſoin, des fractures qui leur arrivent, que des gens d’un âge caduc, qui ſont depuis long-tems infirmes & mal habitués, qui relevent de maladie, qui gardent un mauvais régime, qui ſont nourris de mauvais alimens,