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en Chirurgie.

peut fort bien le contracter par le ſeul attouchement de la ſalive ou écume de l’animal malade, & même par l’attouchement de quelque choſe que ce ſoit qui aura été imprégnée de cette ſalive ou écume.

Or, outre que l’autorité des plus célebres Médecins établit la poſſibilité de ces ſortes de communications, l’expérience en fournit tous les jours des exemples. Mais ce que Zacutus Lusitanus rapporte, au Livre III de ſa Pratique Admirable, Obſerv. 83 eſt ſingulier. Il y eſt dit que trois perſonnes ayant été bleſſées d’une épée dont on avoit tué huit années auparavant un chien enragé, moururent de la rage trois ans après leurs bleſſures guéries : & dans l’Obſerv. 86 du même Livre, il aſſûre qu’une femme contracta cette maladie, pour avoir baiſé ſon petit chien qui en étoit mort. Ce que rapporte Fabrice de Hilden, en la 86e Obſervation de ſa premiere Centurie, n’eſt pas moins remarquable : il raconte qu’une femme, dont la robe avoit été déchirée par un chien enragé, ayant rompu avec ſes dents le fil dont elle ſe ſervoit pour la rentraire, contracta la rage trois mois après.

Il eſt encore à remarquer que le venin de la rage ſe manifeſte par ſes effets quelquefois bien tôt après la morſure, & quelquefois après un long tems, & même après pluſieurs années. C’eſt ce que dit Fracastor, au Li-