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L’Art de faire les Raports

Deux expériences ſont encore connoître ſi le chien qui a mordu, eſt enragé, ou non. C’eſt 1o de laiſſer pendant la nuit des noix écraſées ou du grain ſur la morſure, & le préſentant après cela à une poule, ſi le chien qui a mordu eſt enragé, elle mourra le lendemain.

2o Ayant frotté la morſure avec du pain qui ſoit imbibé du ſang ou de la ſanie de la playe, puis le préſentant à des chiens affamés, s’ils refuſent de le manger & de le flairer, on conclud que le chien qui a mordu étoit enragé.

Au reſte, la morſure d’un animal enragé ne differant pas de celle qu’il auroit pû faire en jouant, ou étant un peu irrité ſans autre maladie, elle eſt ſouvent traitée de bagatelle : cependant elle ne ſe conſolide jamais parfaitement ; & après quarante jours, pour l’ordinaire, mais quelquefois plûtôt ou plus tard, les accidens commencent à paroître. Ces accidens ſont les ſuivans :

1o La playe ſe r’ouvre de nouveau.

2o Le bleſſé s’arrête ſans aucun ſujet, devient penſif, & ſe trouve, contre ſon ordinaire, tout-à-fait abſorbé dans la mélancolie.

3o Il s’imagine en dormant voir des chiens furieux, qui ſont prêts à ſe jetter ſur lui pour le dévorer ; & dans la vûe de demander du ſecours, il fait des cris qui l’éveillent.

4o Ses craintes & ſes illuſions s’augmentent inſenſiblement ; & ſon eſprit s’aliénant