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en Chirurgie.

ſimples morſures, ſe tirent de deux choſes : 1o de l’état où étoit l’animal qui a fait la playe ; 2o des accidents qui ſurviennent au bleſſé après l’avoir reçûe.

L’animal eſt reconnu malade de la rage, lorſqu’il ceſſe tout-d’un-coup de boire & de manger à ſon ordinaire ; qu’il maigrit en fort peu de tems ; qu’il marche lentement, les oreilles baiſſées & la queue entre les jambes ; que la langue lui ſort hors de la gueule ; & qu’au lieu de marcher droit d’un lieu à un autre, la peſanteur de ſa tête le fait trébucher à droite & à gauche, & heurter contre tout ce qu’il rencontre. De plus ſa voix eſt rauque & fort baſſe ; il rend beaucoup d’écume par le nez & par la gueule ; ſes yeux ſont contournés & étincelans ; & il ſe jette indifféremment ſur toutes ſortes de perſonnes connues & inconnues, auſſi-bien que ſur toutes ſortes d’animaux, pour les mordre, & cela ſans abboyer, ni donner aucun ſigne de colere.

De plus, quand un chien enragé a une fois mordu un autre animal, il s’en éloigne auſſi-tôt, & ne le mord pas davantage ; mais il cherche à ſe jetter ſur d’autres qu’il puiſſe maltraiter.

On obſerve encore que les chiens qui ſont ſains, fuient celui qui eſt malade ; & ſi on les force de l’approcher, ils le flattent comme pour l’adoucir, dans la crainte qu’ils ont d’en être inſultés.