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en Chirurgie.

Je dis que les Juges n’ont à ces Raports dénonciatifs que l’égard qu’il leur plait, parce que n’étant que des témoignages volontaires, ils ſont ſujets à ſuſpicion. Auſſi n’y a-t-il gueres qu’au Châtelet de Paris, que le Juge Criminel accorde aſſez ordinairement une premiere proviſion à un bleſſé, ſur un ſimple Raport dénonciatif, lorſque l’information eſt forte, & tout-à-fait conforme aux faits énoncés dans le Raport ; & comme cet uſage eſt abuſif ſelon la rigueur des Ordonnances, les Chirurgiens-Jurés du Châtelet ſe ſont de tout tems récriés contre la facilité de ce Magiſtrat, qu’ils prétendent contraires à leurs droits & à leurs priviléges.

Mais ce qui ſe dit ici des Raports dénonciatifs, étoit autrefois mieux fondé qu’il ne l’eſt à préſent. Car quoique les Médecins & Chirurgiens du Châtelet ayent de tout tems voulu ôter à tous les autres Chirurgiens la faculté de faire ces ſortes de Raports, qu’ils prétendoient ne leur pas moins appartenir que ceux qui ſont ordonnés par Juſtice ; cependant, outre le long uſage qui faiſoit une eſpece de preſcription, c’eſt que le ſieur Deſſita, Lieutenant-Criminel, & le Procureur du Roi de ce tems-là, ne ſe prêtoient pas trop à leurs idées ; au lieu que ſon Succeſſeur leur étant plus favorable, ils ne cherchoient, pour revendiquer leurs prétendus droits, que l’occaſion propre à jetter de la