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L’Art de faire les Raports

vembre 1695, j’ai été mandé, rue Montorgueil, pour panſer Jacques Gitaureau, Maître Serrurier à Paris, que j’ai trouvé bleſſé d’une grande playe au nez, avec fracas des os qui le ſoûtiennent, grande contuſion, ecchymoſe, & dilacération aux tégumens de cet organe : laquelle playe je juge avoir été faite par quelque inſtrument orbe & meurtriſſant, comme canne, bâton, pierre, ou autre ſemblable. Pour raiſon de quoi, après avoir ſoigneuſement examiné la playe en queſtion, qui étoit fort béante, j’y ai fait trois points d’aiguille, pour rapprocher les levres : & quoiqu’il y eût des pieces d’os abſolument détachées, & que j’aurois pû tirer, je les ai néanmoins laiſſées ; mais, au moyen d’un inſtrument plat que j’ai introduit dans les narines, joint à l’action de mes doigts au-dehors, j’ai mis ces fragmens dans la ſituation la meilleure qu’il m’a été poſſible de leur donner, pour éviter la difformité, & faciliter l’union des pieces offenſées : enſuite, pour conſerver la liberté des deux conduits, j’y ai introduit de chaque côté une canule couverte d’un linge délié, enduit d’un médicament convenable ; &, après avoir appliqué extérieurement les topiques en tel cas requis, & le reſte de l’appareil, j’ai ſaigné le ſuſdit bleſſé, lui ai preſcrit une diete très-exacte, & l’ai fait mettre en ſon lit, pour prévenir la fiévre, la fluxion, l’inflammation, l’abſcès, la putré-