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L’Art de faire les Raports

mouchant, Musitanus répond qu’un Nez ainſi renouvellé contracte des adhérences ſi fermes après un certain tems, qu’il faudroit autant de violence pour l’arracher, qui ſi c’étoit un nez formé ſelon l’ordre naturel.

Ce dernier Auteur rapporte, pour prouver ce qu’il avance, l’hiſtoire aſſez plaiſante d’un Gentilhomme Italien, à qui l’on avoit refait un Nez de ſa propre chair, au lieu de celui qui lui avoit été emporté par accident ; diſant que ce Gentilhomme, après ſa guériſon, ayant toujours peur en ſe mouchant d’arracher ſon nouveau Nez, ſe contentoit, au-lieu de ſe moucher avec effort, comme l’on fait d’ordinaire, d’inſinuer dans ſes narines, le coin de ſon mouchoir tourné en forme de tente, pour les nettoyer : ce qu’ayant un jour apperçû le Chirurgien qui l’avoit guéri, il demanda à ſon ancien malade ce qui l’obligeoit à en uſer comme il faiſoit ; & le malade lui ayant fait entendre la peur qu’il avoit d’arracher ſon Nez en ſe mouchant avec effort, ce Chirurgien le prit par le Nez, & le traîna ainſi tout autour de ſa chambre, pour le convaincre que ſon Nez avoit des attaches beaucoup plus fermes qu’il ne s’imaginoit.

Au reſte, ſans vouloir traiter de pure ſable les faits rapportés par Tagliacotius, qui étoit en ſon tems le plus fameux Chirurgien d’Italie, après Fabrice d’Aquapendenté, au ſentiment d’un Auteur contemporain, ces