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en Chirurgie.

Auſſi eſt-il arrivé bien des fois que des coups d’épée, ou d’autres armes offenſives, ayant été portés profondément dans le nez, ou dans la bouche, ont fait périr les bleſſés, non pour avoir intéreſſé ces organes, mais pour avoir pénétré le crâne & bleſſé le cerveau, ou pour avoir ouvert des arteres conſidérables dans leur progrès ; ce qui avoit occaſionné des hémorrhagies mortelles.

Mais quand les playes n’intéreſſent que l’oreille extérieure, ou les tégumens & les cartilages du nez, elles cauſent plus de difformité que de péril à ceux qui les ont reçûes, & elles ſont aiſément réunies par la ſuture, pourvû que les portions diviſées ayent encore quelque adhérence à leur tout.

Il eſt vrai néanmoins que le retranchement abſolu de l’oreille extérieure nuit à l’action de l’ouïe, ceux qui ſont ainſi mutilés ne pouvant recevoir les ſons que confuſément, & s’imaginant toujours entendre le bruit d’une riviere, ou le chant de la cigale ; parce que le ſon ſe diſſipe trop promptement dans l’air, faute d’une cavité aſſez profonde pour le recueillir & le raſſembler.

Il ne faut pas oublier auſſi qu’une inciſion fort légere que l’on fait ſous la Langue des enfans pour leur couper le filet, leur a quelquefois malheureuſement cauſé la mort, lorſqu’en faiſant cette inciſion trop profondément, il eſt arrivé aux Chirurgiens de couper