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A ce cri, la femme eut peur.

- Allons, sortez ! lui dit-elle, vous n’êtes mie déjà si plaisant avec votre barbe d’une aune : vous avez tout l’air du Juif errant.

Jean porta la main à son menton et s’aperçut que, en effet, il avait une longue barbe blanche. Un miroulet, ou petit miroir, était accroché à la cheminée : il s’y regarda et poussa un cri de désespoir. Il prit l’almanach, y jeta un coup d’oeil et retomba sur sa chaise, évanoui.

Le malheureux venait de reconnaître qu’il avait vieilli de cent ans en une nuit.

La femme alla dire à ses voisines que le Juif errant était dans sa maison. Les voisines accoururent.

Cependant, le Cacheux revenait à lui. Il mit sa tête dans ses mains et resta là, comme un homme anéanti.

- D’où êtes-vous ? lui demandèrent les femmes.

- D’Escaupont.

- Y a-t-il longtemps que vous en êtes sorti ?

- Une nuit, et le village et moi nous avons vieilli de cent ans.

- Qu’avez-vous fait durant cette nuit-là ?

- Je suis allé au fond de la terre.

- Au fond de la terre ! Et qu’y avez-vous vu ?

- La marmite du diable.

- C’est donc un sorcier ! fit une voix.