Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ce 31 mars 1868.


J’aurais dû vous remercier depuis longtemps, Monsieur, pour l’intéressant volume des contes flamands, — intéressant en effet par le fond, par le tour, par le bon sens vivant & le drame familier qui s’y joue à chaque page. Vous avez parfaitement fait de mettre du vôtre dans ces légendes & récits populaires : à moins qu’on ne veuille recueillir de simples racines pour la science pure & pour l’histoire des origines, c’eſt ainsi qu’il convient de faire, afin de courir de main en main & d’être lu. Ces ébauches primitives ne peuvent que gagner à un coup de pouce habile donné par un ami & par un pays.

L’Hôtellerie des Sept Péchés Capitaux eſt excellente. Le Poirier de Misère eſt admirable. Je doute que dans le récit populaire il y ait cette belle expression simple : « Chaque nouvelle génération n’était plus occupée qu’à soigner les précédentes qui ne pouvaient guérir de la vie. » — C’eſt là ce que j’appelle le coup de pouce de l’artiſte sournois & qui n’en a pas l’air.

Veuillez agréer, cher Monsieur, l’assurance
de mes sentiments dévoués,
SAINTE BEUVE