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Contes d’un buveur de bière

naïveté, &, après lui avoir donné sa bénédiction, il se remit en route.


III


La bénédiction de saint Wanon porta bonheur à Misère, & dès lors elle ne rentra plus jamais la mallette vide à la maison. Le printemps succéda à l’hiver, l’été au printemps & l’automne à l’été. Les garçonnets, voyant Misère sortir avec Faro, grimpèrent sur le poirier & remplirent leurs poches ; mais au moment de descendre, ils furent bien attrapés.

Misère, au retour, les trouva perchés sur l’arbre, les y laissa longtemps & lâcha Faro à leurs trousses quand elle voulut bien les délivrer. Ils n’osèrent plus revenir, les Vicquelots eux-mêmes évitèrent de passer près de l’arbre ensorcelé, & Misère & Faro vécurent aussi heureux qu’on peut l’être en ce monde.

Vers la fin de l’automne, Misère se réchauffait un jour au soleil dans son jardin, quand elle entendit une voix qui criait : « Misère ! Misère ! Misère ! » Cette voix était si lamentable que la bonne femme se prit à trembler de tous ses