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Contes d’un buveur de bière

pour me tenir éveillé pendant que ce beau lapin fera son trou. »

Il avait cru apercevoir une robe blanche dans le grand massacre des arbres, & il soupçonnait vaguement sa fille.


v


Martin retourna à la clairière, &, comptant sur Martine, il commença de bêcher, comme s’il ne s’était agi que de faire une fosse pour un frêne.

Martine chanta d’abord ses chansons les plus gaies ; puis peu à peu elle ralentit la mesure, tant qu’enfin l’ogre laissa tomber sa pipe à terre, sa tête sur l’épaule & tomba lui-même dans un profond sommeil.

La petite fée accourut alors, légère comme une hirondelle. En quelques coups de baguette, elle déblaya la place, creusa le sol, fit jaillir toutes les sources & remplit le bassin d’une belle nappe d’eau, qui resplendit comme une immense plaque d’acier aux rayons du soleil. L’ogre, à son réveil, en fut tout ébloui.

Il descendit en grommelant & on ne peut plus mortifié. Comme midi venait de sonner, il trouva son monde à table. Il se plaignit de ce que la