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Le Filleul de la Mort

des flèches & des javelots jusqu’à ceux qui lancent des balles, des boulets & des bombes.

Quand les rois virent arriver Macaber seul, avec sa faux, ils éclatèrent de rire & lui envoyèrent demander s’il les prenait pour un champ d’orge.

« Rira bien qui rira le dernier, répondit le filleul de la Mort : vous pouvez donner le signal de la danse. »

Les ennemis lui décochèrent aussitôt une grêle de dards, de flèches, de balles, de boulets, de bombes, d’obus, de grenades & autres projectiles ; mais il s’avançait là-dessous sans plus en souffrir qu’un berger qui ramène ses moutons sous la pluie. Il s’amusa même, dit-on, à rechasser les balles avec la main.

Alors il ôta son habit, retroussa les manches de sa chemise, &, pareil à un faucheur qui entre dans un pré, il pénétra dans les rangs & se mit à faucher avec sa grande faux d’un mouvement lent & régulier.

Il abattait mille têtes d’un coup, &, au bout d’une heure de cet exercice, il n’était non plus fatigué que s’il n’avait fauché que de l’herbe.

Les ennemis tentèrent de s’enfuir ; mais comme ils s’embarrassaient les uns dans les autres, & que Macaber, avec sa faux, devançait les chevaux les plus rapides, il ne leur reſta d’autre ressource que de se jeter à ses pieds & de demander grâce.