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Contes d’un buveur de bière


IV


Macaber réfléchit. « J’ai fait fausse route, se dit-il. Le meilleur moyen de rendre les mortels heureux, ce n’eſt point de les délivrer de la vie, c’eſt de les débarrasser des méchants. »

Pour être plus certain de ne point se tromper, il revint en Flandre, où les hommes lui étaient connus de longue date.

À cette époque, il y avait à Maubeuge un bourgmeſtre dont la mauvaise réputation s’étendait à dix lieues à la ronde. Ce bourgmeſtre ne se servait de sa puissance que pour commettre le mal, à ce point qu’on disait en commun proverbe : « Dieu nous gard’ de la guerre, de la peſte, de la malemort & du bourgmeſtre de Maubeuge ! »

C’eſt par lui que le filleul de la Mort résolut de commencer le cours de ses exécutions, & il le trancha dans sa fleur, comme on arrache une plante vénéneuse. Macaber se figurait que son coup de faux allait être salué par les bénédictions de toute la ville.

Grande fut sa surprise quand il vit accourir aux obsèques du défunt la foule de ceux qui l’abhor-