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Manneken-Pis

— Et tu n’y es pas allé ?

— Si fait.

— Eh bien ?

— Eh bien ! on ne les a point plus tôt lâchés dans le bois qu’ils ont pris leurs jambes à leur cou.

— Il faut les rappeler.

— Mais comment ?

— Avec ceci. »

Et elle lui tendit un petit sifflet d’argent.

« Merci, grand mère, » dit le sautériau, & il donna, sans hésiter un grand coup de sifflet.

Aussitôt les douze lapins blancs d’accourir, par sauts & par bonds, de toute la vitesse de leurs pattes. Il renouvela deux ou trois fois l’expérience, & toujours elle réussit à souhait.

Pierre, enchanté, laissa alors son troupeau brouter le thym & le serpolet, & s’en alla près de là, au cabaret du Noir-Mouton boire une pinte en fumant sa boraine.

Le soir, qui fut penaud ? Ce fut le roi quand il vit revenir Petit-Pierre poussant devant lui ses douze lapins & faisant : Prrrou ! prrrou ! du haut de sa tête.

« Eſt-ce que le drôle serait sorcier ? dit le monarque à ses courtisans. C’eſt égal, il n’eſt point possible, savez-vous, qu’un pareil manneken épouse l’héritière présomptive du trône des Pays-Bas.