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Le Blanc Misseron

— J’y ai fait mon possible. Il dort comme un loir & je n’ai pu y parvenir.

— En ce cas, tant pis pour lui ! »

Et le brasseur poursuivit son chemin.

« Savez-vous que c’eſt votre chien fidèle, qui vous a servi durant dix ans ? s’écria le misseron.

— Ah ! c’eſt ce vieux gueux qui s’eſt sauvé, dit Tafarot. Je suis bien aise de le retrouver. »

Il dirigea son bourlat droit sur le dormeur.

« Arrête, méchant brasseur, arrête, ou tu t’en mordras les pouces !

— Vraiment ! Et que pourras-tu me faire ? » repartit dédaigneusement le brutal.

Il fouetta son limonier, & la roue passa sur le corps du pauvre mâtin, qui fut écrasé net. Le misseron poussa un cri, ses plumes se hérissèrent, ses yeux jetèrent des étincelles.

« Misérable ! cria-t-il, tu as tué mon ami. Écoute bien ce que je te vas dire : tu payeras sa mort de tout ce que tu possèdes !

— Tu peux faire ce que tu voudras, laid mâle d’agache, répliqua le brasseur, je m’en moque comme d’une triboulette de petite bière ! »