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Contes d’un buveur de bière

piailleur, & c’eſt pourquoi aucun de ses pareils ne voulait faire société avec lui.

Cela le désolait, car il était de nature amitieuse, & il souhaitait autant mourir que de vivre sans un ami. Il résolut d’en chercher un en dehors de son espèce.

Il offrit son amitié à l’ours, mais l’ours lui répondit malhonnêtement qu’il n’avait besoin de personne ; il l’offrit au loup, mais le loup lui montra les dents ; il l’offrit au renard, & le renard l’accepta, mais à son air faux & rusé, le misseron jugea tout de suite que le compère l’aimerait au point de déjeuner de son ami.

Il se rabattit alors sur le cheval, le bœuf & l’âne. Ils haussèrent les épaules & dirent : « Qu’avons-nous affaire d’un compagnon aussi chétif ? Autant vaudrait se lier avec un moucheron. »

Le pauvre pierrot était de plus en plus triſte, car il se croyait digne d’avoir un ami & capable de lui rendre aide pour aide, protection pour protection.

Il se serait bien adressé à l’homme ; mais l’homme eſt le plus méchant & le plus cruel de tous les animaux. En effet, si les loups mangent les moutons, c’eſt par obéissance à la loi de nature & afin de satisfaire leur appétit ; tandis que l’homme fait le mal pour le mal, met les oiseaux en cage, quand il ne les met point à la broche, &