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que nous allons voir la même science employer successivement différentes langues. La science de la quantité est ébauchée dès que nous avons formé l’idée de l’unité, que nous avons remarqué les différens états de l’unité, ajoutée successivement à elle-même, et que nous avons distingué ces différens états, les uns des autres, par des noms de nombres : car dès ce moment nous pouvons faire quelques combinaisons d’idées de quantité, ou autrement dit quelques calculs. à cette époque, cette science se sert indifféremment des signes de toutes les langues parlées vulgaires, et n’emploie pas d’autres signes que les leurs ; et ses calculs sont encore pour la forme comme ils le seront toujours pour le fond, absolument semblables aux raisonnemens relatifs à toutes les autres espèces d’idées. Dans ce premier état, cette science ainsi que toutes les autres, est bornée à de bien faibles succès. Bientôt les hommes cherchent à rendre permanens les signes fugitifs de leurs langues parlées. S’ils imaginent de les fixer par le moyen d’une écriture proprement dite, qui ne fasse que noter les sons des mots, la science des quantités profite comme toutes les autres de