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Je me suppose donc commençant ma carrière, doué de tous les moyens de connaître que je possède actuellement : et même afin de n’être pas obligé de tenir compte des différences provenant des âges, dont nous nous occuperons dans un autre moment, j’imagine mes organes aussi formés et aussi développés qu’ils le deviennent par le tems et par l’exercice. Dans cet état, il n’y a pas de raison pour que la première sensation que j’éprouve soit plutôt celle-ci que celle-là ; ainsi je puis imaginer à volonté celle que je veux. Je donnerai la préférence à celle qui naît du mouvement de mon corps, à cause des conséquences auxquelles elle me conduira. Je suppose donc que je commence ma vie par m’agiter en divers sens. J’éprouve l’ impression qui résulte de l’action de mes muscles, et du mouvement de mes membres. Cette impression est bien certainement une pure sensation,

une idée absolument simple ; car je ne puis y en joindre aucune autre, puisque je n’en ai point encore perçue. Aussi ne puis-je m’y tromper. Je ne la connais pas proprement ; je la sens purement et simplement ; je n’en porte aucun jugement. Elle est certaine ; le premier des deux principes que nous avons posés agit seul ; il n’y a lieu là à aucune erreur.