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sur le mariage et le divorce
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si les laïques savaient cela, l’Église pourrait y perdre une notable portion de ses revenus. Voit-on jamais pareilles hypocrisies dans la jurisprudence civile ?

    envoyait une lettre circulaire à tous les évêques pour les informer :

    Que, vu les difficultés de certaines situations, on pouvait permettre aux magistrats et aux avocats de juger et plaider les causes matrimoniales et celles en divorce, pourvu qu’ils fissent profession ouverte du catholicisme et des doctrines catholiques sur le mariage, et qu’ils ne rendissent pas de décisions contraires à la loi divine ou ecclésiastique. Dans les cas douteux ils devront avoir recours à l’ordinaire (l’évêque diocésain).

    Et cette circulaire se termine par les mots : « Cette lettre ne doit pas être rendue publique. »

    Voilà comme on possède toutes sortes de petites recettes secrètes pour ruser avec les situations et que la grosse masse ne doit pas connaître. Mais on a ici la preuve qu’un juge catholique n’est pas libre d’appliquer la loi du pays si elle ne concorde pas avec le faux droit ecclésiastique. Un juge peut entendre une cause de divorce, mais il doit prononcer selon la loi ecclésiastique, c’est-à-dire le refuser quelque fondée que soit la demande. Et s’il est dans le doute, ce n’est pas la loi qui doit le guider, mais l’évêque diocésain. Alors, pourquoi ne pas faire les évêques juges.

    Il y a bien d’autres exemples des petits secrets ecclésiastiques. Ainsi, aux États-Unis, au Canada, les évêques défendent aux parents d’envoyer leurs enfants aux écoles appelées mixtes, où il y a des enfants protestants et catholiques. Mais quand il n’y a pas d’écoles du clergé ? Oh ! dans ce cas, comme les parents paient les taxes scolaires, les curés sont autorisés à leur permettre d’envoyer leurs enfants aux écoles publiques. Seulement, les circulaires épiscopales portent en note : « Ceci ne doit pas être communiqué aux fidèles. » J’ai eu entre les mains une circulaire de ce genre. Il n’y a donc pas de péché à envoyer son enfant aux écoles publiques. Pourquoi le dit-on ?

    Mais si les fidèles savaient la vérité on ne pourrait pas leur demander de se cotiser, en sus des taxes scolaires, pour fonder des écoles dites libres où, comme en Belgique, par exemple — le fait est constaté dans des enquêtes officielles — on ne leur montre presque rien de ce qu’ils apprennent dans les écoles publiques. C’est la même chose aux États-Unis. Les écoles dites libres sont bien inférieures aux écoles publiques.