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sur le mariage et le divorce

remède ecclésiastique, la séparation, produisant beaucoup plus d’immoralité que le divorce, la société civile n’a fait que son devoir en choisissant le moindre de deux maux sociaux et en préférant celui des deux remèdes sous lequel la morale avait le moins à souffrir et aussi la justice envers la partie innocente.

Ici encore l’autorité civile s’est montrée plus philosophique, plus logique, plus morale, plus sensée que l’autorité ecclésiastique qui, au fond, défend bien plus sa suprématie que son dogme.

L’argument : Que deviennent les enfants après le divorce ? ne signifie rien. Que deviennent-ils donc sous la séparation ? Sous le divorce ils voient celui des parents avec lequel ils restent mener une vie honnête dans une situation régulière. Sous le régime de la séparation ils le voient mener une vie répréhensible dans huit cas sur dix. Le divorce est donc infiniment plus moralisateur, ou si l’on aime mieux, infiniment moins démoralisateur, que la séparation de corps. Celle-ci n’est réellement, comme je l’ai dit plus haut, qu’une hypocrisie pratique. Le divorce a au moins le mérite de la franchise dans les situations. Il n’y a que l’esprit sectaire, l’esprit faussé par la théologie, qui se refuse à voir cela. Mais, partisan et applicateur pratique du probabilisme, le prêtre est forcé de préférer les situations fausses parce qu’elles concordent seules avec son dogme.

Admettons maintenant pour un instant le principe