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les erreurs de l’église

qu’en imposant le célibat ecclésiastique on ne savait pas qu’il ne serait jamais observé ? Combien d’évêques ont prédit cette conséquence comme inévitable, comme découlant fatalement de cette institution contre nature ? De même en réclamant l’abolition du divorce on savait parfaitement que son absence de la loi serait une cause puissante, irrésistible, de démoralisation pour des milliers d’individus.

Le dogme ne l’a emporté qu’aux dépens de la morale publique et privée.

Et voyez combien le prêtre est incapable de raisonner juste. Il anathématise l’idée de divorce sur le précepte : Quod Deus conjunxit homo non separet. Mais, grand Dieu ! est-ce que dans la séparation de corps on ne sépare pas ce que Dieu a uni dans le système ? La femme va de son côté, l’homme du sien, et parce que, tout en rompant le lien pratiquement, on laisse subsister deux noms sur un registre on a la naïveté, ou plutôt, on commet la petite rouerie de prétendre que l’on n’a pas séparé ce que Dieu a joint ! Toujours la lettre de préférence à l’esprit ! Toujours le faux prétexte préféré à la franchise dans les situations ![1]

  1. Encore un sophisme ecclésiastique dont aucun ecclésiastique ne se rend compte. On comprendrait que sous la théorie du prêtre seul ministre du sacrement et opérant par sa bénédiction l’union conjugale, on pût prétendre que Dieu unissait les conjoints. Mais sous la théorie moderne : que ce sont les conjoints eux-mêmes qui produisent le sacrement, qui se l’adminis-