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les erreurs de l’église

jusqu’en 1787, où Louis XVI, malgré les représentations enragées des évêques, émane enfin l’édit qui déclare légitime le mariage d’un protestant et d’une protestante. Jusqu’alors tous les protestants, hommes et femmes, étaient considérés aux yeux de la loi civile comme de la loi ecclésiastique, comme vivant dans le concubinage. Et les parlements bien confessés, quoique combattant l’ultramontanisme, appliquaient avec une rigueur équivalant souvent à la cruauté les iniquités et les grossières erreurs du droit canon sur le mariage hors du catholicisme. La haine sectaire, et aussi l’inintelligence des questions de droit, inspiraient les évêques. Et les jurisconsultes éminents des parlements, à l’esprit faussé par leur foi, jugeaient les questions matrimoniales au seul point de vue du dogme inintelligent et non d’après le droit lumineux et la justice obligeant la conscience. L’Église avait réussi à fausser la conscience générale. Et pourtant Benoit XIV avait décidé que le mariage de deux protestants fait selon les règles de leur culte devait être regardé comme légitime. La papauté avait raison ici, pourquoi les évêques de France ne se soumettaient-ils pas à cette décision ?

Enfin la tactique du clergé de France était arbitraire, injuste, odieuse et immorale, mais on ne raisonne pas avec les représentants de Dieu !

En fin de compte voilà une des plus grandes institutions de l’histoire qui n’a jamais fait que fausser les idées générales sur toutes les notions de la jus-