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sur le mariage et le divorce

La restriction faite par Jésus se conçoit parfaitement. Il était juif et observait la loi juive. Or chez les Juifs le mariage était une institution purement civile. Il était entièrement en dehors du contrôle ou de l’immixtion du sacerdoce. C’était une institution purement familiale. On se mariait dans la famille, dans la maison, non dans la synagogue. On ne demandait ni prêtre ni aucun homme appartenant au culte pour intervenir dans la cérémonie. L’union se faisait dans un festin de famille et d’amis, et c’est par le père de l’un des époux qu’elle était prononcée. Sous la loi juive, l’adultère rompait le mariage et Jésus a fait sa restriction d’après la loi juive qu’il suivait. Tout en proclamant le mariage indissoluble, il conservait la même cause de rupture de l’union conjugale que la loi juive. L’Église avait-elle bien le droit de le corriger sur un point aussi essentiel ? M’est avis pourtant que Jésus devait valoir aux yeux de l’Église les papes et les évêques qui l’ont corrigé.

    épouse une autre commet un adultère. » Il passe entièrement sous silence la restriction de Notre-Seigneur : « si ce n’est pour cause d’adultère ». On respecte Notre-Seigneur en mutilant sa parole.

    Dans son encyclique Arcanum, Léon XIII a la bonne foi de rétablir le passage retranché par le catéchisme. Les auteurs du catéchisme trompaient donc les fidèles de propos délibéré. De quoi donc sera-t-on jamais sûr avec des gens qui tronquent sans sourciller les passages gênants ? Il y a même eu des canonistes pour soutenir que les mots « si ce n’est pour cause d’adultère » signifiaient exactement le contraire dans la pensée de Jésus.