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les erreurs de l’église

comme au temps de Calixte ii et Alexandre ii, se marier sans lui comme témoin, puisque c’est le pouvoir civil qui lui a permis d’assister comme tel à un mariage. Il n’y a ici que la logique du bon sens. Mais cette logique-là ne peut convenir au prêtre qui ne peut accueillir le bon sens qu’à coups de bâton puisque tout son système en est la violation. Aussi que vient-il nous dire ? « Je ne suis plus ministre du sacrement, ce sont les conjoints qui le sont eux-mêmes, mais il n’existe pas de mariage hors de ma présence. » En d’autres termes : « Je vous substitue à moi comme ministres du sacrement, mais je n’en agis pas moins toujours comme si je n’avais pas fait cette substitution. » C’est tout simplement renoncer de bouche à une qualité et la garder de fait. Or donner et retenir ne vaut. Et il est parfaitement clair, en logique laïque, que le prêtre ne peut être nécessaire au mariage qu’en sa qualité de ministre du sacrement et jamais comme témoin, qualité qui ne découle pas essentiellement de sa mission — dans le système — comme celle de ministre du sacrement. Il y a donc toujours dans les actes du clergé relatifs au mariage une pensée de derrière la tête. Et ici cette pensée était de maintenir ostensiblement la suprématie de l’Église en conservant le conjungo auquel le prêtre n’avait plus le moindre droit dès qu’il ne se disait plus ministre du sacrement. Il a fait ici ce qu’il faisait autrefois à propos du prêt à intérêt : parler d’une manière et