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près ce que nous venions d’entendre, jamais, du consentement de l’Hon. M. Sicotte, le Gouvernement n’irait à Ottawa ; et que s’étant exprimé comme il venait de le faire, il résignerait son siège plutôt que de consentir à cette monstruosité. Telle était la conviction générale, fondée sur toute la teneur du discours de l’honorable Monsieur.

Eh bien, c’est précisément parce que la Chambre ne lui a pas permis d’exécuter cette monstruosité, qu’il a résigné !

Nous ne l’avions pourtant pas élu à l’unanimité pour l’envoyer se faire le champion des intérêts d’Ottawa contre le vœu de l’immense majorité du pays !

Nous ne l’avions pourtant pas élu à l’unanimité pour l’envoyer se faire le champion de la Reine, ou de sa prérogative, ou des bévues de ses Ministres !

Comme Ministre Canadien, son devoir n’était certainement pas d’exécuter à la lettre les volontés, ou de faire subir au pays les fautes des Ministres métropolitains ; et comme mandataire du peuple, son devoir était certainement d’empêcher que la construction d’édifices publics à Ottawa ne causât une perte énorme au pays, car Ottawa ne pouvait pas en être permanemment la capitale.

Voyons, sérieusement, l’Hon. M. Sicotte aurait-il osé nous dire, le 8 Décembre, qu’il ferait tout en son pouvoir pour qu’Ottawa devint la capitale des Canadas ? Eut-il osé nous dire, quand nous l’élisions unanimement : « Je résignerai si Ottawa n’est pas la capitale. » Quelle eût été la conséquence de cette parole ?

Or ce que l’Hon. Monsieur n’eût certainement pas osé nous dire, comment a-t-il pu oser le faire ? Pourquoi encore n’accepte-t-il pas franchement, lui non plus, les responsabilités de sa position, et ne fait-il pas de cette question une question de cabinet ? Pourquoi fait-il cette année précisément ce qu’il reprochait à ses prédécesseurs ?