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IROQUOISIE

eues, depuis plus de cinquante ans »[1]. Et ce long conflit entre ces deux peuples a été si terrible que « leurs pères n’avaient jamais voulu entrer en traité, pour le désir de vengeance qu’ils avaient ». Phrase qui indique avec suffisamment de précision que l’année 1621 voit en présence les mêmes antagonistes qu’en 1570. Alors Champlain demande à ces deux personnages s’ils sont venus comme particuliers ou comme ambassadeurs, si c’est leur nation qui les a députés, ou s’ils sont partis de leur propre mouvement. Les Iroquois répondent qu’ils sont venus de leur propre chef : ils désiraient revoir des parents et des amis capturés depuis longtemps par les Algonquins et vivant avec eux ; aucune crainte ne les a retenus, car les négociations étaient amorcées depuis longtemps ; une trêve règne entre les deux partis depuis le commencement de ces pourparlers ; les attaques réciproques ont cessé, aucun acte d’hostilité ne se commet plus, l’état de paix existe provisoirement tant que la paix véritable ne sera pas conclue ou que les négociations n’auront pas échoué.

Champlain écoute attentivement cette réponse. Il conseille ensuite aux Algonquins de traiter ces deux visiteurs avec tous les égards possibles, même avec amitié ; mais non pas comme des ambassadeurs, puisque de leur propre aveu, ils ne le sont pas. Il importait quand même de se réjouir. Si les Algonquins désirent conclure une paix raisonnable et solide, ils doivent choisir parmi les mieux doués quelques-uns de leurs compatriotes, pour accompagner les deux visiteurs en Iroquoisie ; ces députés inviteraient officiellement les Cinq Cantons à envoyer des négociateurs à Québec ; ceux-ci obtiendraient avant leur départ l’autorisation de régler en Nouvelle-France les problèmes dont la solution conduirait à la paix. La Confédération iroquoise mettrait plus de confiance dans les négociations, si elle savait que les Français y étaient mêlés.

Les Algonquins acceptent ces conseils judicieux. Ils décident que deux de leurs capitaines partiront en compagnie des Iroquois avec la qualité de députés.

  1. Œuvres de Champlain, v. 5, p. 78.