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IROQUOISIE

fort nombreux, comptant environ quatre mille hommes de guerre. Il se tient à l’écart du grand conflit qui met aux prises coalition laurentienne et confédération iroquoise ; des individus de l’un et de l’autre groupe se rencontrent souvent dans ses bourgades, mais sans jamais s’y attaquer. Cependant, il prête main forte à l’occasion aux Cheveux-Relevés, qui eux, portent la guerre chez la Nation du Feu, — les Mascoutins, — des alentours de la rivière Détroit. Déjà, les Outaouais sont de grands trafiquants ; ils se rendent à quatre et cinq cents lieues pour échanger des marchandises. Ils sont propres ; ils fabriquent certains articles avec une netteté d’exécution remarquable. Enfin, Champlain peut observer à loisir les Nipissings qui viennent hiverner à peu de distance des Hurons, achetant le maïs et la farine de maïs que ces derniers ont en vente.

Les Hurons sont un peuple iroquois ; les gens du Pétun ; les Neutres, les Andastes également. Mais les autres tribus sont algonquines. Tous vivent cependant dans la paix et la concorde. Ils échangent leurs produits. Et le spectacle qu’offre alors cette région aide sans doute à comprendre le tableau que Jacques Cartier a brossé de la vallée du Saint-Laurent.

C’est durant ces visites que Champlain met la dernière main à l’organisation de la grande traite. Désormais, les pelleteries ne viendront plus seulement des tribus de la Côte Nord, de Tadoussac, du Saint-Laurent et de l’Outaouais : par l’intermédiaire des Hurons, des Nipissings, des Cheveux-Relevés, elles partiront de vastes et immenses régions qui comprendront tout le nord jusqu’à la baie d’Hudson, tout l’ouest jusqu’au lac Supérieur, tout l’Ontario habité, et en même temps tout le nord de Québec. Les relations commerciales existaient déjà, conduites en bonne partie par les Hurons ; mais un article de grande importance, les pelleteries, deviendra objet de négoce ; et ceux qui récolteront les fourrures, offriront bientôt en retour les marchandises de traite, se réservant un profit précieux.