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IROQUOISIE

les Andastes. Ils se réfugient dans un fortin qu’ils ont construit tout près. Aucune discipline ne règne plus. Champlain lui-même est blessé : il a reçu une flèche dans le genou et une autre dans la jambe ; mais il veut profiter des heures de repos pour communiquer à l’armée indienne un courage nouveau, lui recommander l’ordre, lui imposer le sang-froid et le calme qu’il faut. Mais ses paroles ne touchent personne. Les Hurons ne pensent qu’à la tâche de transporter en forêt leurs camarades blessés ; ils refusent de renouveler l’attaque en observant soigneusement le plan. Pendant quatre jours encore, disent-ils, ils attendront les Andastes ; si ceux-ci ne se présentent pas, ils retourneront chez eux.

Pendant deux jours de suite souffle un impétueux vent d’automne ; le moindre feu allumé au bon endroit raserait en une heure tout le bourg. Champlain voit que l’occasion est belle. Mais les Indiens refusent de s’exposer ; ils ne prennent part à aucune attaque concertée. Toutefois ils s’engagent dans des escarmouches inutiles ; et comme d’habitude, les Français doivent dégager ces téméraires. Les Iroquois crient à ceux-ci de ne pas se mêler à ces combats entre Indiens ; et que les Alliés ont bien peu de courage de demander cette assistance étrangère ; enfin, ils tentent de les émouvoir.

Comme les Andastes n’arrivent toujours pas, Algonquins et Hurons construisent des espèces de paniers pour le transport des blessés à dos d’homme. Ils sont arrivés le dix devant la place, ils en partent le seize sans avoir fait beaucoup de mal aux Iroquois, si ce n’est leur avoir tué quelques guerriers. L’ennemi les poursuit sur une distance d’une demi-lieue, escarmouche un instant avec l’arrière-garde, puis il abandonne la poursuite.

Cet échec n’a rien pour surprendre. L’Indien n’est propre qu’à la guerre de surprise. Il a trop de nervosité, d’impatience, il manque trop de discipline pour les opérations de siège. Il ne contrôle pas ses nerfs. De plus, le séjour au pied d’une bourgade assiégée permet aux autres tribus de concentrer des