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IROQUOISIE

il s’est déjà mis à l’affût, et peut interrompre maintenant le flot des pelleteries.


(1615)

En 1613, Champlain a multiplié les promesses de secours militaires. Il ne les a pas exécutées. Malgré les engagements pris, il ne revient pas en Canada en 1614 : des affaires urgentes le retiennent en France. En 1615, il se présente au rendez-vous sur l’île de Montréal. Algonquins et Hurons l’attendaient « sur l’espérance qu’ils avaient que nous leur donnerions quelques-uns d’entre nous pour les assister en leurs guerres contre leurs ennemis »[1]. Ils croient que l’heure est maintenant venue d’honorer la traite tant de fois souscrite.

Un facteur nouveau, de grande importance, s’ajoute en 1615 aux anciens. Beaucoup de Hurons sont présents. Les traitants, Champlain lui-même, sont maintenant en possession de nombreux renseignements sur cette tribu iroquoise lointaine. Ils savent approximativement dans quelle région elle habite, combien d’âmes et de bourgades elle compte : que la Huronie est compacte, populeuse, sédentaire, agricole ; quelle est douée d’un génie commercial sans pareil et assure les échanges de marchandises entre des tribus qui occupent des régions vastes comme des provinces. Champlain comprend le rôle que les Hurons peuvent jouer dans le troc des fourrures ; et combien aussi leur adhésion à ses plans serait plus précieuse que celle des Algonquins nomades, peu nombreux, clairsemés. Il leur donne la préférence. Les missionnaires l’imitent. Au premier abord, ils saisissent que l’évangélisation peut se conduire plus facilement parmi une population dense et stable. Autorités séculières et ecclésiastiques jettent leur dévolu sur ces Indiens.

Le problème qui se pose devant Champlain est alors double ; accorder l’assistance militaire contre l’Iroquoisie et de façon à établir des relations précieuses entre la Nouvelle-France et la Huronie.

  1. Œuvres de Champlain v. 3 p. 31.