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IROIQUOISIE

nacre ; enfin Guillaume Couture, prisonnier depuis trois ans en Iroquoisie. La délégation représente la seule tribu des Agniers, et non toute l’Iroquoisie ; c’est elle qui envoie pratiquement tous les partis de guerre qui viennent rôder en Nouvelle-France.

La population des Trois-Rivières accourt sur le rivage. C’est une explosion de joie quand elle reconnaît Couture. Celui-ci informe tout de suite l’assistance du dessein des ambassadeurs « délégués pour venir traiter de paix avec Onontio… et tous les Français et tous les sauvages nos alliés ». Debout sur la proue de la barque, Kiotsaton prononce une première harangue : « Je me suis volontairement exposé pour le bien de la paix : je viens donc entrer dans les desseins des Français, des Hurons et des Algonquins, je viens pour vous communiquer les pensées de tout mon pays »[1].

M. de Champflour reçoit les ambassadeurs dans sa résidence. Il leur présente des rafraichissements. Tous pétunent. Guillaume Couture se porte garant de la bonne foi des Agniers. Des messagers partent immédiatement pour Québec afin de mettre le Gouverneur général au courant des faits. Agents et prisonniers iroquois non officiellement libérés, se promènent en paix. Tous les choient. Les Algonquins les invitent à leurs festins.

Monsieur de Montmagny arrive une semaine plus tard, le 12 juillet. Et c’est alors que se tient dans la cour du fort le grand conseil de paix qui, par son pittoresque, son éclat, ses cérémonies alors nouvelles, a frappé l’imagination de tous les contemporains. Une fête du même genre a eu lieu en 1624 au même endroit. Mais celle-ci a plus d’ampleur et elle a trouvé de nombreux historiens.

De grandes voiles sont tendues au-dessus des têtes et protègent l’assistance contre les rayons du soleil. Le Gouverneur et sa suite, le père Barthélémy Vimont se placent d’un côté du carré ; à leurs pieds s’assoient les Iroquois sur une bande d’écorce de pruche. Algonquins, Montagnais, Attikamègues, se

  1. RDJ, 1645-24.