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IROQUOISIE

que les Tsonnontouans l’emportent maintenant, par le nombre et la force, sur les Hurons ; autrefois, c’était le contraire. Les Agniers qui attaquent dans le secteur de la Nouvelle-France, comptent environ huit cents guerriers. Les autres tribus paraissent se désintéresser de ce conflit. Leur nom n’apparait nulle part.

L’année 1643 présente donc une multiplicité d’actions. Le neuf mai, huit Algonquins en deux canots descendent le fleuve. Ils viennent du haut de l’Outaouais avec une belle cargaison de pelleteries. Ils ont presque atteint les Trois-Rivières : quatre lieues à peine les en séparent. Mais ils ont ramé toute la nuit pour franchir dans l’obscurité la section la plus dangereuse du fleuve et ils sont fatigués. Alors, ils font halte sur le rivage. Ils allument un feu. Soudain, dix-neuf Iroquois sortent de la forêt, tuent deux des Algonquins, en capturent six. Ce parti compte d’autre guerriers que l’on aperçoit non loin du fort Richelieu.

Le neuf juin, une bande est à l’œuvre dans les alentours de Montréal. Elle se compose de quarante guerriers. Elle se construit le fortin ordinaire qui lui servira de base, à demi-lieue seulement de l’habitation de Montréal. Elle guette les Français, elle surveille le fleuve. Soixante Hurons en treize canots se présentent le jour même « sans arquebuses et sans armes »[1], mais avec une forte cargaison de pelleteries. Les Agniers sortent de la forêt et ils attaquent, « les épouvantent de leurs arquebuses »[2]. Ils font vingt-trois prisonniers. Ils se saisissent des embarcations, des fourrures, des lettres, de la Relation des missionnaires de la Huronie. Les autres Hurons peuvent atteindre le fort de Montréal.

La Relation de l’année suivante contient, semble-t-il, à la page 39, un récit différent du même fait ; elle parlera en effet de « la funeste défaite des Hurons auprès de Montréal, causée par une indigne lâcheté et trahison des Iroquois, qui ayant attiré les Hurons dans leur fort sous prétexte de paix et amitié, en massacrèrent les uns, et firent les autres prisonniers,

  1. Idem, 1643-63
  2. Idem, 1643-63